L’église catholique ukrainienne Saint-Onuphrius fait partie des artefacts à ne pas manquer dans la nouvelle salle de l’Histoire canadienne. Il serait d’ailleurs difficile de ne pas l’apercevoir, puisque son dôme, qui s’élance majestueusement vers le magnifique plafond convexe du Musée canadien de l’histoire qu’a conçu l’architecte Douglas Cardinal, est visible depuis la mezzanine située dans la Galerie 3 et d’une grande partie de la Galerie 2.
Située à l’origine dans la collectivité rurale de Barich, en Alberta (près de la ville de Smoky Lake, au nord-est d’Edmonton), l’église Saint-Onuphrius a été bâtie en plusieurs phases entre 1915 et 1928. Au cours des 30 années suivantes, elle a été rénovée périodiquement par la paroisse. Elle a accueilli les catholiques ukrainiens de la collectivité qui venaient faire leurs dévotions et célébrer les fêtes du calendrier liturgique qui rythmait leur vie. Au courant des années 1995 et 1996, l’église a été démontée, planche par planche, pour être reconstruite à Gatineau, dans la salle du Canada du Musée, où elle est demeurée une église consacrée bien vivante. En tant qu’artefact, elle a contribué à faire connaître l’histoire de la communauté ukrainienne installée dans les Prairies canadiennes.
Pendant la construction de la nouvelle salle, l’église a été la seule structure à rester en place, car elle était trop grande pour être déplacée. L’extérieur de l’édifice a été soigneusement protégé par un échafaudage et par une paroi protectrice.
Tous les artefacts (objets liturgiques, mobilier, etc.) ont été retirés de l’église. Pour ce faire, le Musée a travaillé en étroite collaboration avec des responsables religieux de l’Église catholique ukrainienne afin que les objets soient manipulés avec l’attention et le respect nécessaires. L’une des étapes cruciales de ce processus consistait à retirer l’antimension de l’autel dans le sanctuaire.
L’antimension est une petite pièce de tissu décorée, en lin ou en soie, qui comporte une pochette contenant une relique sacrée. Il est habituellement placé sous le tissu recouvrant l’autel. La Divine Liturgie ne peut être célébrée sans la présence de l’antimension et de sa relique, ce qui en fait l’un des objets les plus sacrés dans toute église catholique ukrainienne consacrée. Avant que la construction ne commence réellement, un prêtre a pris soin de retirer l’antimension de l’église dans le cadre d’une courte cérémonie. L’objet précieux a été confié à notre personnel chargé de la conservation afin qu’il soit entreposé en sécurité dans nos collections.
L’équipe chargée du montage de l’exposition a ensuite déplacé l’église dans un autre endroit de la salle, travail très minutieux qui a demandé quelques jours. Comme vous pouvez le constater dans cette vidéo en accéléré de la construction, l’exposition a été montée autour de l’église.
Au printemps 2017, tandis qu’approchait l’inauguration officielle de la salle de l’Histoire canadienne, le personnel du Musée a collaboré avec la communauté catholique ukrainienne afin d’organiser la réouverture de l’église, en bonne et due forme, ainsi qu’une cérémonie visant à réinstaller l’antimension sur l’autel. Les chefs religieux ont suggéré de tenir cette célébration au même moment que leur congrès annuel, qui était prévu dans la région à la fin du mois de septembre.
Le matin du 30 septembre, le Musée a tenu une cérémonie de réouverture en présence du métropolite de l’Église catholique ukrainienne du Canada, monseigneur Lawrence Huculak, O.S.B.M., d’une délégation d’évêques, de prêtres et de séminaristes, de membres de la paroisse initiale de l’église, située à Smoky Lake en Alberta, et de représentants de la grande communauté ukrainienne du Canada. Après une procession jusqu’à l’église, un service religieux spécial a marqué la réouverture de l’église et la réinstallation de l’antimension sur l’autel. Ce service revêtait une signification toute particulière pour l’archevêque Huculak, car celui-ci avait assisté, en tant que jeune prêtre, au dernier office qui avait été célébré dans l’église avant son transfert au Musée au courant des années 1995 et 1996.
Plus tard dans la même journée, une cérémonie de mariage a eu lieu dans l’intimité de l’église. Celle-ci reprenait ainsi ses fonctions d’artefact encore bien vivant du Musée, qui témoigne des traditions religieuses actuelles de la grande communauté ukrainienne du Canada.