La neige. Elle est à la fois aimée et détestée. Elle est aussi bien une source de plaisirs que de désagréments. Mais qu’elle vous émerveille ou qu’elle vous rebute, la neige a contribué à façonner l’identité canadienne. Car dès leur arrivée, les premiers Européens ont vite dû s’adapter au défi qu’elle représentait, et c’est d’abord grâce au savoir-faire des peuples autochtones qu’ils ont appris à l’apprivoiser.
De nos jours, les opérations de déneigement à la suite d’une bonne bordée sont devenues routinières. « C’est pourquoi nous arrivons à peine à nous imaginer la vie des gens, autrefois, lorsque la neige s’installait au sol et y demeurait pour l’hiver », souligne Bianca Gendreau, conservatrice de Neige, une exposition itinérante qui a d’abord été présentée au Musée en 2014. Elle ajoute : « On oublie à quel point elle pouvait limiter les déplacements. » Très tôt, les colons ont emprunté aux Premiers Peuples la raquette, invention miraculeuse qui leur permettait de marcher sur la neige, ainsi que la fameuse traîne, qui leur permettait entre autres de transporter les produits de la chasse.
Les Canadiens y sont ensuite allés de leurs propres inventions. Les chevaux ont aussi eu droit à leurs raquettes, qui consistaient en des planches de bois arrondies qui étaient ajustées à leurs sabots à l’aide de lanières de cuir. Ainsi chaussés, ils pouvaient tirer des grattes servant à aplanir la neige qui recouvrait les rues. Mais en ville, quand l’importance d’une artère justifiait son déneigement, on recourrait alors à une corvée d’hommes qui, à la pelle, chargeaient la neige dans des traîneaux pour ensuite l’évacuer. D’ailleurs, souligne avec amusement Bianca Gendreau, « de nombreux brevets de pelle à neige ont été déposés au XIXe siècle afin de rendre cet outil encore plus efficace. »
Avec l’arrivée du moteur à explosion, les innovations se sont multipliées. La souffleuse d’Arthur Sicard, utilisée au début des années 1900 pour déneiger les rues, ou encore de la célèbre autoneige, puis la motoneige, de Joseph-Armand Bombardier, en sont des exemples. Par ailleurs, cette passion pour la neige ne date pas d’hier. En témoignent les nombreux clubs de raquetteurs, dès le XIXe siècle, qui étaient reconnaissables à leurs chansons et à leurs costumes distinctifs. Il n’est donc pas étonnant, de nos jours, qu’un Canadien sur dix pratique au moins un sport de neige.
Bianca Gendreau souhaite que les visiteurs sortent de l’exposition Neige en réfléchissant à l’importance du rôle joué par cet élément dans la vie des Canadiens. « Qu’elle soit aimée ou détestée, la neige fait partie du cycle de la vie. Son épais manteau isole les semences de la morsure du gel, alors que sa fonte, au printemps, recharge les bassins hydrographiques. Elle fait partie d’un vaste équilibre. »
Et avouons-le : qui peut rester insensible devant la féérique beauté d’une douce chute de neige un soir d’hiver?
Neige voyage au Canada et à l’étranger. Elle est actuellement présentée au Museo Nacional de las Culturas del Mundo, à Mexico, jusqu’au 30 mars 2018.