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Un avion blanc survolant un fond rouge au Musée canadien de l'histoire à Ottawa.

La vaccination obligatoire dans l’histoire

Auteurs

Publié

25 nov. 2021


Alors que la population canadienne se prépare à faire face à un autre hiver marqué par la COVID-19, les passeports vaccinaux – la preuve souvent exigée pour travailler, faire des achats ou participer à diverses activités – sont devenus un sujet brulant. Après une vague de vaccinations au cours du printemps et de l’été 2021, lorsque les vaccins sont devenus accessibles à la plupart des adultes au Canada, la vaccination a ralenti dans tout le pays. Aujourd’hui, de nombreux organismes de santé s’efforcent de sensibiliser encore plus les gens qui pourraient hésiter à se faire vacciner contre la COVID-19, dans le but de vacciner une majorité suffisante de personnes admissibles et d’atteindre une immunité collective.

Les premières campagnes de vaccination contre la variole

La vaccination obligatoire et les débats qui l’entourent ne sont pas nouveaux, que ce soit au Canada ou ailleurs dans le monde. Il a fallu des décennies pour que les premiers vaccins contre la variole soient acceptés et utilisés à grande échelle au cours du xixe siècle, malgré plusieurs efforts pour les rendre obligatoires.
La première crise notable en matière de politique vaccinale au Canada s’est produite lors d’une épidémie de variole qui a frappé Montréal de plein fouet, en 1885. Des groupes antivaccins se sont mobilisés pour protester contre les mesures de vaccination obligatoire, ce qui a entrainé des manifestations publiques violentes dans toute la ville. D’autres groupes ont protesté contre la vaccination obligatoire des enfants dans les écoles de Toronto au début du xxe siècle.

Affiche antivaccin, 1885 Source : Michael Bliss, Plague: How Smallpox Devastated Montreal (Toronto : HarperCollins, 1991)

Affiche antivaccin, 1885
Source : Michael Bliss, Plague: How Smallpox Devastated Montreal (Toronto : HarperCollins, 1991)

« The Anti-Vaccinator », publié par Alexander Ross, Montréal, 1885

« The Anti-Vaccinator », publié par Alexander Ross, Montréal, 1885


Les campagnes antivaccins se sont poursuivies dans les années 1920, comme l’a noté l’historien Forrest Pass.

Preuve de vaccination requise

Au début du xxe siècle, cependant, la vaccination obligatoire est devenue plus courante, notamment dans les établissements de santé. La Toronto General Hospital School for Nurses, par exemple, exigeait que l’ensemble des membres de la communauté étudiante admise présentent une preuve de vaccination avant de commencer leurs programmes.

Lettre d’admission de la Toronto General Hospital School for Nurses adressée à Maud Fry, 4 juin 1919.

Lettre d’admission de la Toronto General Hospital School for Nurses adressée à Maud Fry, 4 juin 1919. MCH 2004-H0037.34

Cette lettre d’admission adressée à Maud Fry mentionne certaines conditions d’admission essentielles : « Votre demande est acceptée et votre rendez-vous pour entrer à l’école est fixé à l’automne 1919. Vous devrez vous munir des articles vestimentaires énumérés et décrits sur la page intérieure. Si vos dents ont besoin d’être soignées, ou si vous n’avez pas été vaccinée depuis un an, vous devrez y remédier avant d’entrer à l’école. Un certificat de vaccination établi par une autorité médicale doit être envoyé. »
L’immigration a été un autre élément important pour les exigences en matière de vaccins tout au long du xxe siècle.

Koppeattest de Christian Bennedsen.

Ce Koppeattest, ou certificat d’immunisation contre la variole, a été émis à Ribe, au Danemark, pour Christian Bennedsen. Ce dernier a émigré au Canada en 1951 en tant qu’ouvrier agricole, mais il a ensuite déménagé à Toronto, s’est marié et est devenu citoyen canadien en 1959. Ce document fait partie de ses papiers d’immigration. MCH P45-2.2.

Lutter contre les maladies infantiles

Le développement d’une gamme de vaccins contre des maladies telles que la diphtérie, la polio, les oreillons et la rougeole a permis de réduire considérablement les taux de mortalité associés à ces maladies. Les campagnes d’éducation et de sensibilisation à la vaccination menées par les organismes de santé publique – associées à des politiques de vaccination obligatoire dans les écoles professionnelles, auprès de l’immigration et dans d’autres secteurs – ont été essentielles pour garantir des taux de vaccination élevés.

Lutter contre la rougeole

À la fin des années 1970, une montée des cas de rougeole a poussé de nombreuses provinces canadiennes à adopter des politiques de vaccination obligatoire dans les écoles publiques. Bon nombre de ces politiques sont toujours en vigueur aujourd’hui et les gens, en Ontario, disposent encore souvent de cartes de vaccination jaunes : l’héritage administratif de ces politiques.

La compréhension médicale de l’efficacité du vaccin contre la rougeole a également conduit à l’adoption d’une politique de vaccination à deux doses dans les années 1990. Les organismes de santé canadiens et provinciaux, ainsi que les autorités sanitaires du monde entier, ont combiné l’éducation du public avec des modifications des exigences en matière de vaccination des enfants, réduisant ainsi considérablement les épidémies de rougeole grâce à un effort de vaccination de masse.

Le t-shirt ci-dessous était un élément quelque peu fantaisiste de la campagne d’éducation publique menée en 1996, en Colombie-Britannique, sur la nécessité d’une seconde dose du vaccin contre la rougeole. D’avril à juin 1996, environ 700 000 des 900 000 enfants de la province, de 18 mois à 18 ans, ont reçu leurs vaccins.

T-shirt de la Collection sur l’histoire des soins infirmiers au Canada, MCH 2004.90.1

T-shirt de la Collection sur l’histoire des soins infirmiers au Canada, MCH 2004.90.1

Pour l’avenir

La vaccination obligatoire, et les débats qui l’entourent n’ont rien de nouveau. Les responsables de la santé publique ont souvent combiné des politiques de vaccination obligatoire avec une éducation publique plus large dans le but d’immuniser le plus grand nombre de personnes possible. Les débats sur la vaccination et les campagnes de sensibilisation d’aujourd’hui utilisent peut-être des méthodes différentes, comme les médias sociaux, mais les questions et les préoccupations des années précédentes demeurent souvent.

Préserver l’histoire

Dites-nous ce que vous en pensez : quels types d’objets ou de documents pourraient, selon vous, le mieux illustrer ce dernier chapitre de l’histoire de la santé publique au Canada?

Lectures complémentaires

  • Histoire Engagée. « Historiens et historiennes en quarantaine »
  • Michael Bliss, Montréal au temps du grand fléau : l’histoire de l’épidémie de 1885, (Montréal : Libre Expression, 1993).
  • Magda Fahrni, «Elles sont partout : les femmes et la ville en temps d’épidémie, Montréal, 1918-1920 ». Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 58, no 1, p.67-85. https://www.erudit.org/fr/revues/haf/2004-v58-n1-haf865/010973ar/
  • Forrest Pass, « Une “épidémie” de fausses nouvelles… il y a 100 ans », Le blogue de Bibliothèque et Archives Canada.
  • Martin Tétreault, « Les maladies de la misère : aspects de la santé publique à Montréal 1880-1914 », Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 36, no 4 (mars 1983), p. 507-526.
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