Artéfactualité, saison 1, episode 5.
Kim Thúy [00:00:02] Imaginez un musée du futur… Entièrement constitué des histoires que nous nous racontons. Pas les histoires que nous trouvons dans les manuels scolaires, mais celles racontées par les gens qui les ont vécues… Quelles histoires vous toucheraient le plus? Lesquelles selon vous résisteraient au temps? Et lesquelles ont une incidence sur la façon de vivre notre vie, aujourd’hui et à l’avenir?[00:00:29] Bienvenue à Artéfactualité, une série de balados présentant de remarquables histoires recueillies par le Musée canadien de l’histoire. Je m’appelle Kim Thúy et je serai votre animatrice.
[00:00:46] Cet épisode d’Artéfactualité s’intitule… Le prince du plastique.
Karim Rashid [00:00:52] Le design, c’est pour notre quotidien. Le design, ce sont ces objets qui nous entourent. Tant qu’à faire tous ces efforts d’ingénierie, payer ces couts de fabrication, impliquer tant de personnes pendant des années, aussi bien créer quelque chose de poétique, de beau et qui fonctionnera mieux, non?
Kim Thúy [00:01:10] Karim Rashid est considéré comme un designer industriel mondialement reconnu. Même si vous n’avez jamais entendu parler de lui, vous avez probablement déjà vu son travail. Vous pourriez même posséder un exemplaire ou deux de l’une de ses conceptions. L’une de ses créations les plus emblématiques est une simple poubelle, appelée The Garbo, qu’il a réalisée pour le magasin de décoration Umbra, en 1996. Le récipient en plastique incurvé, doté de découpes ovales pour les poignées et d’une ouverture plus large que son fond, invite pratiquement les déchets à y entrer. C’est très représentatif du travail de Karim Rashid, soit des conceptions colorées, sensuelles, tout en courbes… sans bords rugueux, très fonctionnel et très beau. Et son travail couvre un large éventail. Du grand art aux objets ménagers du quotidien. Karim Rashid adore travailler avec du caoutchouc synthétique ou du silicone, ainsi qu’avec des matériaux comme le santoprène et l’évoprène, qui, selon lui, imitent la douceur de la peau humaine. Bien avant d’avoir accès à son travail, aux objets physiques qu’il crée, il y a une histoire derrière la naissance des œuvres. Des forces qui ont façonné l’esthétique du designer aux lieux où il a développé sa philosophie singulière, tout fait en sorte que même une simple poubelle mérite notre attention.
[00:02:59] Karim Rashid est né au Caire, en Égypte, une ville aussi intense et animée en 1960 qu’aujourd’hui. Mais son enfance lui a permis de faire le tour du monde. Après le Caire, sa famille s’est installée à Rome, puis à Londres, où Karim, à la voix douce, a fait ses premières armes.
Karim Rashid [00:03:22] Je me souviens très bien de l’Angleterre. J’étais à la garderie là-bas. Je me souviens qu’on me tapait la main avec une règle parce que j’étais gaucher. Alors, on m’a amené à écrire avec ma main droite. C’est mon plus grand souvenir. Et ça me sert bien, aujourd’hui, parce que je suis ambidextre, ce qui est très bien.
Kim Thúy [00:03:41] Après Londres, et un court passage à Paris, les Rashid ont pris place à bord du paquebot Queen Elizabeth, en direction de Montréal. Traverser l’Atlantique avec sa famille est l’un des souvenirs les plus anciens et les plus marquants de Karim, alors qu’une des activités à bord était spécialement organisée pour les enfants.
Karim Rashid [00:04:08] Il y a eu un concours de dessin à bord du bateau. C’est pourquoi je m’en souviens très bien. Il y avait peut-être une centaine d’enfants à bord. Et on nous avait demandé de dessiner. Je crois que nous avions une demi-heure. J’étais assis là, avec mon frère et les autres enfants. Je m’en souviens très bien. Je ne savais pas quoi dessiner. On était sur un bateau. Je voulais dessiner un immeuble, mais ce n’était pas le bon contexte. Beaucoup d’enfants dessinaient leur famille, le bateau, le soleil ou la mer. Moi, j’étais fasciné par le fait que nous allions dans un nouveau pays. Et mes parents avaient réussi, je ne sais comment, à prendre tout ce qui nous appartenait et entasser tout ça dans quelques boites et quelques valises. J’étais fasciné par l’idée de la compression des choses et de l’entreposage. Alors j’ai dessiné des bagages. C’est ce que j’ai dessiné. Je me souviens d’avoir dessiné une sorte de valise verticale ouverte avec des chemises empilées dedans avec des chaussures. Et j’ai gagné le concours. C’est pour ça que je me souviens très très bien de cette période. Pour moi, en tant qu’enfant, je me suis senti très fier.
Kim Thúy [00:05:20] Les Rashid ont débarqué à Montréal à une époque où la ville et le pays prenaient leur essor. Et rien n’a autant marqué l’arrivée du Canada sur la scène internationale qu’Expo 67. C’était un évènement avant-gardiste, surtout du point de vue du design.
[00:05:52] Expo 67 était le siège d’Habitat 67, le célèbre complexe d’appartements composé de cubes empilés les uns sur les autres, conçu par le légendaire architecte Moshe Safdie. Ce complexe est d’ailleurs encore visible aujourd’hui. Mais c’est à Expo 67 que la graine plantée sur ce paquebot a commencé à prendre racine et à s’épanouir.
Karim Rashid [00:06:22] Je crois que c’est ce qui a fait que, mon frère et moi, nous nous sommes dirigés vers le design et l’architecture. Mon père nous y emmenait presque tous les jours. On a eu accès à Terre des Hommes, à Habitat 67 et à toutes ces choses fantastiques. Et je pense que ça a été l’une des dernières expositions vraiment radicales dans le monde. C’était très important pour le Canada. Cette expo a fait connaître Montréal à l’international.
Kim Thúy [00:06:49] Le séjour de la famille à Montréal a cependant été de courte durée. Le père de Karim a trouvé un travail de conception de décor à la Canadian Broadcasting Corporation. La famille s’est donc installée à Toronto, à une époque où les banlieues étaient encore entourées de forêts et de rivières.
Karim Rashid [00:07:13] C’était près de Burnhamthorpe Road, je me souviens. Une nouvelle école secondaire était en construction et les routes étaient faites de terre. Elles n’étaient même pas encore goudronnées. Il n’y avait que des petites maisons neuves. C’était agréable d’emménager là-bas, parce que ce n’était pas vraiment la banlieue. C’était la campagne en quelque sorte, parce que derrière notre maison il y avait une voie ferrée et puis des vergers de pommiers. Eh puis il y avait une énorme forêt pas loin, ainsi que la rivière Mississauga. Nous avions l’habitude d’aller près de la rivière pour pêcher et faire du vélo, de la randonnée et du camping.
Kim Thúy [00:07:52] Là, dans cet environnement idyllique, le père de Karim l’a aidé à poser les bases de son esthétique, lui donnant le sentiment que notre propre environnement était une chose que nous pouvions modifier pour qu’il corresponde parfaitement à nos gouts.
Karim Rashid [00:08:11] On a donc emménagé dans cette maison de banlieue, mais mon père a décidé d’abattre un mur et de faire une ouverture circulaire pour passer d’une pièce à une autre. Il a mis de super éléments graphiques sur tous les murs, ainsi que d’intéressantes affiches vraiment étranges. Et il y avait beaucoup de couleurs. Des fauteuils turquoise, un canapé rose, des trucs comme ça. Mon père aimait beaucoup utiliser la peinture et il utilisait beaucoup de couleurs dans son travail. Il a fini par installer un atelier au sous-sol de la maison pour dessiner son propre mobilier. J’ai vu cela comme quelque chose de poétique et de très unique chez mon père. Bien évidemment, il dessinait. Nous faisions ce truc le dimanche matin, où nous séparions la famille, et nous nous dessinions chacun et chacune. Nous nous asseyions à la table du petit-déjeuner après avoir mangé. Je dessinais mon frère, par exemple, mon frère dessinait ma sœur et ma sœur dessinait mon père… c’était vraiment bien. Nous faisions ce genre de choses, mais mon père n’a jamais exigé de nous de devenir des gens créatifs ou de poursuivre une carrière créative. Mais je pense que, étant donné notre environnement et le comportement de mon père, c’était inévitable. J’étais aussi très impressionné par les objets qu’on avait à la maison. Mon père achetait de très jolies choses. Peu de choses, parce que nous n’étions pas riches, mais quand il achetait quelque chose, c’était très joli. Il m’a acheté un radio-réveil Braun orange.
[00:09:30] J’avais donc à côté de mon lit ce bel objet arrondi, minimaliste, épuré en plastique orange vif. Et j’ai fini par aimer cet objet. J’ai aimé la matière plastique et les choses douces. Et sans même savoir d’où ça venait, elles étaient très humaines à mes yeux. Elle était connectée à mon corps et à mon esprit. Elles étaient connectées à mon corps et à mon esprit. Il y avait un effet relaxant sur moi lorsque ces objets se trouvaient dans mon environnement. Et certains meubles de mon père avaient les mêmes bienfaits.
Kim Thúy [00:10:06] Quand le jour est venu d’aller à l’université, il a demandé à étudier l’architecture à Carleton. Parce que c’est ce qu’on étudiait à l’époque, si le design vous intriguait. Il ne restait toutefois plus de place dans ce programme. Karim a alors été dirigé vers une nouvelle formation en design industriel… et, c’est ainsi que son destin a été scellé.
Karim Rashid [00:10:33] Je crois que c’est un moment très important dans la vie d’un étudiant ou d’une étudiante. Parce que c’est un tout nouveau milieu social, avec des gens qui viennent de partout, et parce que vous êtes loin de vos parents. Et, avec un peu de chance, vous faites ce qui vous passionne. C’était une belle période. Et Ottawa est une magnifique ville où étudier, parce que c’est calme. J’ai aimé cet isolement. Nous faisions du ski sur la rivière des Outaouais pour aller à nos cours. Les hivers étaient un peu rudes, mais j’ai beaucoup aimé cette période.
Kim Thúy [00:11:06] Après Carleton, tout a changé. Il a fait ses études supérieures en Italie, vivant dans une sorte de Poudlard pour designers, sur la côte amalfitaine.
Karim Rashid [00:11:20] Je me suis retrouvé à vivre dans une maison en porte-à-faux sur une falaise avec vue sur Sorrento et sur Capri. J’y ai passé, je crois, huit mois entre l’automne et l’hiver. Et en hiver, c’était très renfermé. C’était très étrange. Un peu fantomatique. Toutes les boutiques étaient fermées, il n’y avait pas de tourisme. C’était une belle période pour étudier.
Kim Thúy [00:11:43] Dans cette maison en Italie, avec vue sur la mer, Karim a vécu avec d’autres designers provenant du monde entier, qui ont sur l’inspirer. L’un de ces designers venait du Japon et avait conçu des montres pour Seiko. Un autre arrivait du Danemark et était créateur de mode. C’est là qu’il a appris à penser au design d’une manière globale.
Karim Rashid [00:12:12] Les produits se doivent d’avoir une approche générale. Si vous dessinez un téléphone cellulaire, il va y avoir des millions de personnes qui vont s’en servir et il faut penser à l’ensemble des utilisateurs et utilisatrices. Mais l’approche doit aussi être acceptée collectivement. Elle ne peut pas être trop familière ou trop spécifique à une culture. C’est donc une chose que j’ai apprise d’une certaine manière sur l’approche italienne générale. C’était, en un sens, de la facilité, mais je n’aime pas trop ce mot. Disons plutôt minimaliste. De belles choses, de magnifiques choses minimalistes. C’est ce que j’ai apprécié du design italien. Ce que j’ai aussi appris en Italie, c’est que beaucoup de personnes et d’entreprises là-bas étaient déterminées à faire quelque chose d’original. Et j’ai toujours cru en ce sens de l’originalité. C’était à l’opposé de mon éducation même.
Kim Thúy [00:13:07] Après l’Italie, Karim a enseigné un temps à la prestigieuse Rhode Island School of Design, mais il a été renvoyé pour son approche théorique de l’enseignement, qui privilégiait la philosophie à la pratique. Il a atterri à l’Institut Pratt, à Brooklyn. Lorsqu’il n’enseignait pas, il errait à New York, à la recherche d’entreprises voulant de ses créations.
Karim Rashid [00:13:37] Je me suis dit : « Vous savez quoi? Je vais travailler. » J’aime cette notion de design démocratique depuis toujours. Ça remonte à la petite chaine stéréo blanche que j’avais et à mon radio-réveil orange. Ainsi que toutes les choses qu’il y avait chez mes parents, parce que mes parents n’avaient pas beaucoup d’argent, mais achetaient de belles choses. Je me suis dit que c’était ça, le design. Le design, c’est pour notre quotidien. Le design, ce sont ces objets qui nous entourent. Tant qu’à faire tous ces efforts d’ingénierie, payer ces couts de fabrication, impliquer tant de personnes pendant des années, autant aller jusqu’au bout.
[00:14:18] Autant créer quelque chose de poétique, de beau et qui fonctionnera mieux, non? J’étais déterminé. J’ai donc contacté 100 compagnies, et cela est véridique. Je suis allé à la bibliothèque municipale de New York, parce qu’il fallait consulter les annuaires pour contacter les compagnies. C’était l’enfer. Je rentrais à la maison après huit heures passées là-bas avec, peut-être, quatre numéros. Et j’appelais. J’appelais directement, à l’aveuglette. Je tombais sur des secrétaires. Mais il fallait que je tombe sur une personne à qui je pourrais dire : « Je veux travailler pour vous. Je veux vous faire un projet. » J’ai contacté Gillette, Lazy-Boys, Coca-Cola, toutes les entreprises de masse, parce que je voulais faire des produits de masse. Vous savez, Brita, l’entreprise de filtres, toutes ces marques, du moins beaucoup de ces marques, sont encore énormes. Eh puis j’ai contacté Umbra, parce que j’allais rendre visite à ma famille à Toronto et j’ai pensé que peut-être il y aurait un intérêt à travailler avec moi. Et j’ai rencontré Paul Rowan et Les Mendelbaum, les propriétaires. Ils ont été très gentils et m’ont donné comme projet de concevoir une corbeille à papier.
Kim Thúy [00:15:30] Égal à lui-même, Karim s’est attelé à la tâche à cœur perdu. Il a dessiné des centaines de conceptions de corbeilles à papier. Chez Umbra, Paul et Les les ont réduit à trois versions qu’ils ont aimées, apportant les dessins au célèbre « Housewares Show », à Chicago. Leurs gros clients, comme « Bed Bath and Beyond » et « Staples », ont pu voir les prototypes de Karim, dont un qu’il avait appelé « The Garbo ».
Karim Rashid [00:16:03] Ces entreprises voulaient avoir une rétroaction, parce que, ce que beaucoup de gens ignorent, c’est que l’outillage nécessaire à la fabrication d’une corbeille de ce type coute environ 100 000 dollars. La corbeille Garbo, que j’ai dessinée, avait été rejetée par tout le monde. Personne n’en voulait. Et Les Mandelbaum était assis au kiosque à Chicago.
[00:16:25] Il s’est tourné vers moi en disant « Je ne sais pas. Les entreprises n’en veulent pas. Elles trouvent ça trop extrême, trop progressif… c’est juste une corbeille, quoi. Et on dirait un gros vase. Ça pourrait être n’importe quoi. » Mais elle était intéressante, son prix était bon, le matériau était parfait. Tout avait été bien pensé. J’avais fait des anses, on ne touchait donc pas aux ordures avec les mains. J’avais fait un fond arrondi à l’intérieur pour que le café ou les liquides ne restent pas coincés au fond. Puis, Les s’est tourné vers moi et m’a dit : « Tu sais quoi? J’ai confiance en cette corbeille. On va la faire quand même.
Kim Thúy [00:17:05] Le lancement de la corbeille Garbo en 1996 a changé la donne pour Karim, pour Umbra et pour le design canadien. Elle s’est vendue à plus de 2 millions d’unités au cours de ses deux premières années de production. Elle reste à ce jour l’une des pièces les plus populaires jamais vendues par Umbra. Une Garbo figure même dans la collection de design du Musée canadien de l’histoire, ainsi qu’une version plus petite, surnommée la Garbino.
Karim Rashid [00:17:42] me rappelle que j’étais très fier. Je passais devant Bed Bath & Beyond et je voyais la corbeille en vitrine. Je me disais : « Ouah », comme si j’avais enfin fait quelque chose. Les entreprises qui ont fait des choses radicales dans ce monde l’on fait par intuition, pas avec des groupes de discussion ou du marketing. Et je suis perpétuellement confronté à ça avec toutes les entreprises avec qui je travaille… il y a tellement de phases de prise de décision. C’est intéressant, ce que je faisais. J’étais reconnu pour fabriquer des objets banals dont personne ne se souciait. Et je me rappelle, un jour, j’étais dans l’avion, je crois que c’était la première fois que je voyageais en classe affaire. Je ne me souviens plus où j’allais. Et le gars assis à côté de moi a commencé à feuilleter un magazine de luxe. Eh puis nous avons commencé à discuter. Il m’a demandé : « Que faites-vous? » Et j’ai répondu : « Oh, je suis designer industriel. » Puis il m’a demandé : « C’est quoi? » Je lui ai dit : « Eh bien, je conçois des produits et des objets. Vous savez, le design de produits, tout ça. » Il ne comprenait toujours pas. Alors, j’ai dit : « Oh vous voyez ce truc dans le magazine? On conçoit ce genre de choses. » Et il l’a regardé et il a dit : « Ah, vraiment? Oh, ouah, c’est très intéressant. Alors, sur quoi travaillez-vous en ce moment? » J’ai répondu : « Je travaille sur une poubelle. » Et le gars a ri pendant toute l’heure qui a suivi. À ce moment, j’ai pensé : « qu’est-ce que je fais ». C’est ce que je fais. Je conçois des choses vraiment banales.
[00:19:27] Et j’étais très déçu par le fait que les gens ne savent même pas que les objets qui nous entourent ont été conçus. Ils pensent qu’ils sont juste tombés du ciel, comme ça. Et pourtant, il y a beaucoup de personnes qui ont travaillé derrière tout ça.
Kim Thúy [00:19:42] Depuis ce voyage en avion, Karim s’est donné pour mission d’éduquer les gens sur la conception des objets qui nous entourent dans notre quotidien. Ces dernières années, cette mission l’a amené à mettre davantage l’accent sur le développement durable en travaillant avec des matériaux plus recyclables et plus durables.
Karim Rashid [00:20:06] Si on veut un monde meilleur, il faut faire de meilleures choses. Et c’est ce que j’essaie de faire depuis que j’ai commencé à pratiquer. Finalement, je ne suis que designer. Peut-être un peu philosophe aussi, mais je suis un designer. Je ne suis pas un athlète ou une vedette d’Hollywood, vous voyez ce que je veux dire? Alors, c’est difficile pour moi de me voir dans cette position. J’étais avec des membres de ma clientèle il y a quelques jours. Tout le monde était nerveux autour de la table : « Je n’en reviens pas qu’on soit avec vous! » Je ne comprenais pas pourquoi. Peut-être parce qu’intérieurement je n’ai pas l’impression d’avoir changé tant que ça. Je crois que c’est quelque chose que j’ai en moi. Et je suis très honnête en disant ça. Je ne dis pas ça parce que vous êtes canadienne. Mais il y a une certaine humilité, je trouve, chez les gens au Canada. Un côté très sincère. Et je crois que c’est parce que j’ai vécu au Canada et que finalement je me sens Canadien que j’ai une certaine humilité. Ça me permet de ne pas devenir ce genre de personnage arrogant qui se dit : « Maintenant, je suis célèbre, maintenant j’ai réussi! », vous voyez? Je continue simplement à prendre plaisir à faire ce que je fais, et j’accepte les bons et les mauvais côtés. La plus grande chose qui puisse vous arriver, c’est de faire un travail qui vous passionne. Être ici pour faire ce que vous devez faire ici-bas. Parce qu’il y a une raison pour laquelle nous sommes sur cette terre. Chacun et chacune a un sens à sa vie qu’il lui faut trouver. Il serait magnifique de créer un monde où tout le monde ferait ce pour quoi il a été mis sur cette Terre.
Kim Thúy [00:21:47] L’incroyable histoire de Karim Rashid montre comment son parcours est intimement lié au travail de toute une vie, avec les idéaux qui guident sa philosophie personnelle, comme la démocratie et l’accessibilité, la fonctionnalité et l’inclusion et l’engagement envers ce qu’il appelle « l’embellissement rigoureux de notre environnement bâti ». Ce sont peut-être là, les artéfacts qui perdureront longtemps…
CRÉDITS:
Kim Thúy [00:28:08] Merci d’avoir écouté Artéfactualité, un balado du Musée canadien de l’histoire. Je suis Kim Thúy.
Artéfactualité est produit par Makwa Creative, en collaboration avec Antica Productions. Tanya Talaga est la présidente de Makwa Creative; et Jordan Huffman en est la cheffe de production. Stuart Coxe est président d’Antica Productions. Lisa Gabriele et Laura Reghr en sont les cheffes de production. Sophie Dummett est recherchiste pour Antica. Laura Reghr est productrice déléguée et Stuart Cox est producteur délégué à Antica.
L’entretien avec Karim Rashid a été réalisé par Laura Sanchini, conservatrice de l’artisanat, du design et de la culture populaire.
Le mixage et la conception sonore ont été réalisés par Mitch Stuart.
Jenny Ellison et Robyn Jeffrey, du Musée canadien de l’histoire, sont les productrices déléguées de ce balado.
L’entretien avec Karim Rashid a été réalisé par Laura Sanchini, conservatrice de l’artisanat, du design et de la culture populaire au Musée canadien de l’histoire.
Daniel Neill, chercheur dans le domaine du sport et des loisirs, est le coordonnateur des balados du Musée.
Consultez le site museedelhistoire.ca pour découvrir les autres histoires, articles et expositions du Musée. Pour plus d’informations sur Karim Rashid, la Garbo, et la collection de design du Musée, consultez les liens dans les notes du balado.