Une juste place pour les Autochtones dans la salle de l’Histoire canadienne

Le 27 juillet 2017 À l'origine

En ayant favorisé l’inclusion de l’histoire autochtone à la trame narrative de sa nouvelle salle emblématique, le Musée canadien de l’histoire est sur le point d’établir une nouvelle norme. Les expériences autochtones, des temps les plus anciens jusqu’à nos jours, font partie intégrante du contenu de la salle de l’Histoire canadienne inaugurée le 1er juillet 2017.

« C’était lamentable », lance sans ambages David Morrison, directeur de la recherche et du contenu de la salle, lorsqu’il fait référence à l’approche uniforme qui était utilisée, il n’y a pas si longtemps encore, pour raconter l’histoire du Canada. Bien sûr, il arrivait qu’une exposition débute avec les Premiers Peuples. « Ces peuples étaient présents au départ, souligne M. Morrison, parce qu’ils étaient les seuls. Mais le récit les laissait de côté dès que le cap marqué par l’arrivée des Blancs était franchi. Cette approche n’est plus envisageable aujourd’hui. »

Même l’ancienne salle du Canada, que remplace la nouvelle exposition, ne prêtait que peu d’attention aux Premiers Peuples. Elle commençait avec l’arrivée des premiers Européens et ne faisait presque pas mention des expériences autochtones vécues par la suite. À l’inverse, la nouvelle salle de l’Histoire canadienne a pour point de départ le premier établissement humain connu, il y a environ 15 000 ans, et entretisse, du début à la fin, l’histoire autochtone dans celle plus vaste du Canada. La salle raconte les réalisations et contributions autochtones, puis explore les effets souvent dévastateurs des premiers contacts avec les Européens et des politiques gouvernementales qui les suivront.

« Certains chapitres sont sombres et parlent de moments douloureux », explique Chantal Amyot, qui a piloté le projet de la salle. Ils montrent comment les Prairies ont été saisies au profit du peuplement ainsi que les diverses tentatives d’assimilation forcée, comme les pensionnats indiens. Mais, rappelle Mme Amyot, même les pages les plus sombres permettent aussi de mettre en lumière la survie de peuples autochtones résilients et la continuité entre le passé et le présent.

Des comités consultatifs indépendants ont contribué à la réalisation de l’exposition. L’un d’eux était composé d’experts de l’histoire des Autochtones, et chaque récit portant sur une communauté en particulier a été développé de concert avec les membres de celle-ci.

« Les communautés autochtones ont été mobilisées dès le début, note Lisa Leblanc, directrice du développement créatif et de l’apprentissage de la salle. « Il y a eu des échanges constants : “Voici ce que nous voulons raconter, tels sont les mots et les artefacts que nous envisageons. Dites-nous ce que vous en pensez.” » Selon elle, la rétroaction ainsi obtenue a été d’un apport inestimable, apportant de nouvelles perspectives sur les générations et les événements du passé.

« Si nous sommes bien responsables, au bout du compte, du contenu de l’exposition, note M. Morrison, nous avons toutefois été bien attentifs aux conseils et aux avis d’experts; nous les avons considérés très sérieusement. »

Le directeur de la recherche et du contenu précise que le Musée s’est toujours intéressé aux études consacrées aux Autochtones. D’ailleurs, le Musée possèderait selon lui la plus belle collection d’artefacts autochtones au pays, qui est également la plus représentative à l’échelle nationale, et consulte depuis longtemps des experts de l’histoire autochtone. « Nous étions particulièrement bien qualifiés pour donner à l’histoire autochtone la place qui lui revient dans le courant dominant. Il était juste urgent de le faire! »