Cinq faits étonnants sur Trivial Pursuit, le jeu de société canadien le plus populaire de tous les temps

Jenny Ellison

Chris Haney, cocréateur de Trivial Pursuit, tient une copie du croquis original du jeu.

Chris Haney, cocréateur de Trivial Pursuit, tient une copie du croquis original du jeu. Getty Images 543860724.

Un après-midi de décembre 1979, les journalistes montréalais Chris Haney et Scott Abbott esquissent une idée de jeu de société. Le plateau de jeu présente une roue avec six catégories thématiques abordant un large éventail de connaissances générales sur la géographie, les sciences, le divertissement, la littérature, le sport et d’autres thèmes. Une fois sa conception terminée, ce jeu pour deux à 24 personnes compte 6 000 questions (six par carte). Chaque personne ou équipe doit faire le tour de la planche de jeu et obtenir des « parts de la roue » dans chacune des catégories. Une fois les six parts obtenues, il reste à subir une dernière épreuve, au centre du jeu, où les adversaires posent une question dans la catégorie de leur choix. Les essais informels sur le marché se déroulent bien. Comprenant le potentiel de succès de ce jeu, Chris Haney, son frère John, Scott Abbott et l’avocat Ed Werner recrutent des investisseurs parmi leurs proches. Ce jeu, appelé Trivial Pursuit, deviendra le jeu de société canadien le plus populaire de tous les temps.

Lisez la suite pour découvrir cinq faits étonnants à propos de ce jeu qui s’est vendu à plus de 100 millions d’exemplaires et qui est encore fabriqué aujourd’hui.

Pour préparer l’édition Silver Screen, la deuxième édition du jeu, les créateurs de Trivial Pursuit ont envoyé ce questionnaire à leurs investisseurs.

Pour préparer l’édition Silver Screen, la deuxième édition du jeu, les créateurs de Trivial Pursuit ont envoyé ce questionnaire à leurs investisseurs. Fonds Susan McKay du Musée canadien de l’histoire, 2018-H0006-9-001.

Il faut tout un village pour rédiger une question

Les créateurs de Trivial Pursuit passent d’innombrables heures à rédiger les 6 000 questions de l’édition Genus (la toute première version du jeu). Les références à la télévision, à la musique, aux films et à la politique de la génération du baby-boom alimentent la création du jeu. Étant journalistes, Chris Haney et Scott Abbott savent comment rédiger une question accrocheuse. Élaborées en groupe avec l’aide de John Haney et d’Ed Werner, les questions ne comportent pas plus de 45 caractères ou trois lignes de texte. Il faut choisir soigneusement les mots pour donner des indices astucieux sans trop en dire, et le groupe élimine implacablement les questions trop obscures ou ennuyeuses.

Début de l’engouement pour Trivial Pursuit

C’est la folie en 1983. Les jeux vidéo inondent le marché et on s’attend à ce qu’ils transforment la façon dont les gens passent leurs temps libres. Cependant, la saturation du marché et la transition des consoles de jeux de type Atari vers les ordinateurs domestiques entrainent l’« effondrement » de l’industrie.

Pendant ce temps, Trivial Pursuit prend graduellement son élan. Chris Haney, Scott Abbott et Ed Werner forment la compagnie Horn Abbot Ltd. et produisent d’abord 1 000 exemplaires du jeu, qu’ils commencent à vendre eux-mêmes. Par la suite, ils obtiennent suffisamment d’argent pour la production massive du jeu. En 1982, Trivial Pursuit se vend comme des petits pains chauds au Canada. Lancé aux États-Unis en février 1983, le jeu se vend à un million d’exemplaires la première année, et à environ 20 millions d’exemplaires l’année suivante. Ces chiffres dépassent toutes les attentes et donnent lieu à des milliers d’imitations et à de nouveaux jeux inspirés par le succès de Trivial Pursuit.

Trivial Pursuit, un jeu qui vaut son pesant d’or

Assiette à dessert Trivial Pursuit

Assiette à dessert. Musée canadien de l’histoire, 2015.73.74

Les boites originales de l’édition Genus de Trivial Pursuit pèsent environ six livres. En 1982, Chris Haney explique à un journaliste qu’il veut que le matériel soit « de première classe ». L’aspect du jeu est conçu pour plaire aux adultes. Michael Wurstlin, qui assure la conception du logo distinctif du parchemin et de la planche de jeu, obtient des actions de l’entreprise en échange de son travail. Au milieu des années 1980, les jeux Trivial Pursuit se vendent plus vite qu’ils ne peuvent être fabriqués. Des « fêtes de Trivial Pursuit » font les manchettes du New York Times et les créateurs du jeu paraissent dans des publicités de Coke diète et d’American Express. Le concept de Trivial Pursuit réalisé par Michael Wurstlin apparait partout, y compris sur des articles de marchandise officielle arborant le logo emblématique du jeu.

Chris Haney, Scott Abbott et John Haney tournent une publicité pour une édition de Coke diète/Sprite de l’édition Genus II de Trivial Pursuit.

Chris Haney, Scott Abbott et John Haney tournent une publicité pour une édition de Coke diète/Sprite de l’édition Genus II de Trivial Pursuit. Fonds Susan McKay du Musée canadien de l’histoire, 2018-H0006-11.

Pour frapper un grand coup, voyez grand!

Édition Book Lovers de Trivial Pursuit.

Édition Book Lovers de Trivial Pursuit. Musée canadien de l’histoire, 2015.73.82.1

Au moment où l’on assiste à un grand engouement pour l’édition Genus, Horn Abbot Ltd. commence déjà à travailler à l’édition Silver Screen. Un questionnaire est envoyé aux investisseurs et aux proches afin qu’ils aident à générer les 6 000 questions nécessaires à la création d’une nouvelle édition du jeu. L’adaptabilité est l’une des raisons qui expliquent le succès presque inégalé de Trivial Pursuit. Le format du jeu, qui comporte des dés, des questions et des « parts », est intemporel. Il est possible de produire de nouvelles éditions selon des intérêts particuliers, dans n’importe quelle langue et dans n’importe quel contexte. Le Musée possède de nombreuses éditions de Trivial Pursuit, y compris les versions canadiennes-françaises du jeu – Quelques arpents de pièges et Quelques arpents de pièges II –, ainsi qu’un exemplaire en finlandais et de nombreuses éditions thématiques.

Les jeux qui connaissent le succès sont d’une simplicité trompeuse

Le succès de Trivial Pursuit repose sur une combinaison d’humour, de conception astucieuse et de moment opportun. La popularité mondiale du jeu a incité d’autres inventeurs canadiens à créer leurs propres jeux pour tenter de reproduire ces ventes inégalées. Des dizaines de nouveaux jeux de société arrivés sur le marché dans les années 1980 et 1990 ont connu un certain succès. Trivial Pursuit demeure toutefois le jeu de société canadien le plus populaire de tous les temps. En 2008, Hasbro a acheté les droits d’auteur sur le jeu et de nouvelles éditions continuent d’être produites.

Diceball, IQ 2000 Plus et Face Off

Diceball (Musée canadien de l’histoire, 2009.71.1156.1), IQ 2000 Plus (Musée canadien de l’histoire, 2009.71.1216.1) et Face Off (Musée canadien de l’histoire, 2009.71.1020.2)

Des jeux Trivial Pursuit de la collection du Musée seront exposés au Centre de recherche jusqu’en janvier 2024.


Jenny Ellison

Jenny Ellison

Jenny Ellison, Ph. D., est gestionnaire, Peuples autochtones et Début du Canada, au Musée canadien de l’histoire. Elle dirige une équipe interdisciplinaire de conservateurs et conservatrices. Ses recherches portent sur le sport et les loisirs dans les années 1980.