Les objectifs du projet archéologique du fort Nieu Savanne

Jean-Luc Pilon

Ce billet est le troisième d’une série rédigée par l’archéologue Jean-Luc Pilon dans le cadre du projet de recherche archéologique du fort Nieu Savanne.

En 1982, nous avons axé une partie de nos efforts sur l’Aire B du site GlIw-1, le site du « vieux fort » de la Compagnie de la Baie d’Hudson (CBH), construit en 1685 et détruit en 1690. L’Aire B est située à une cinquantaine de mètres à l’est des ruines de l’enceinte palissadée du fort. Lors de sa découverte, cette zone était caractérisée par des amoncellements de briques rouges visibles en surface, de dalles de brique rouge et de petites briques jaunes dites flamandes.

Nos fouilles à ce moment-là ont révélé une importante présence autochtone à une période charnière de l’histoire des occupants du bassin de la rivière Severn. Dans un même foyer autour duquel plusieurs activités se sont déroulées, des activités telles que la préparation, la cuisson et la consommation des repas et la production et la réparation d’équipements entre autres, nous avons trouvé des outils de pierre ainsi que de menus éclats laissés par la fabrication de ces outils. Il y avait aussi des outils en os et des tessons de poteries, des poteries bien typiques de ces peuples autochtones. Mêlés à ces items étaient des objets de traite obtenus au poste de la CBH situé tout près. On y a trouvé notamment des fragments de couteaux en fer, des morceaux de chaudron de cuivre, des pipes de plâtre, des rasades (perles) de verre et des balles de mousquets. Il y avait même un noyau de prune, sans doute offerte par les Britanniques en cadeau pendant les cérémonies qui précédaient l’échange des fourrures.

Mais pourquoi toutes ces briques, qui semblent avoir été déplacées par des pilleurs pendant les années 1960 ou 1970? Nos fouilles ont aussi ciblé ces vestiges. Nous avons découvert ce qui paraît être les restes d’un âtre ainsi que des éléments structuraux en bois, peut-être des solives ou des poutres, suggérant la présence d’un édifice quelconque de fabrication européenne.

Avec ce projet, nous espérons en apprendre davantage sur cette présence européenne. Si nous pouvions identifier une couche de sol distincte associée à la construction de l’édifice et des objets, peut-être pourrions-nous connaître l’origine ethnique des constructeurs?

Tout cela dépend du site lui-même. La végétation a bien changé depuis 34 ans et il est extrêmement difficile de repérer les endroits où nous avons déjà réalisé des fouilles.

Le prochain billet de cette série donnera un aperçu du début des fouilles sur le site du fort Nieu Savanne.