Quand les livres se font « rares »

Le 11 septembre 2013

Au-delà de ses salles d’exposition, le Musée des civilisations recèle de nombreux trésors. Entrepôts et ateliers regorgent d’artefacts et spécimens qui enrichissent les collections et offrent aux conservateurs de nouveaux outils de recherche. Parmi ces trésors, la collection de livres rares est une véritable caverne d’Ali Baba où les ouvrages se croisent… et ne se ressemblent pas!

Imaginez une suite de rayonnages sur lesquels se côtoient un livre de recettes du dix-septième siècle, des coffrets répertoriant tous les arbres d’Amérique du Nord (échantillons de bois compris), la Bible de Tommy Douglas et un exemplaire magnifiquement conservé du Refus global. Ce ne sont là que quelques-uns des 2500 documents étonnants qui sont conservés dans une petite salle au fond de la bibliothèque du Musée.

Quand on passe la porte, on entre dans un autre univers. Les conditions d’entreposage sont strictement contrôlées : température, qualité de l’air et humidité relative. À l’entrée, une paire de gants en coton blanc trône sur une petite table. Bien qu’il ne soit pas essentiel de les porter – des mains bien propres suffisent -, certains continuent à le faire. Et le stylo est tenu à l’écart au profit du bon vieux crayon à mine : l’encre peut tacher les doigts et les doigts peuvent tacher les livres…

Mais pourquoi ces livres rares sont-ils au Musée plutôt, par exemple, qu’à Bibliothèque et Archives Canada? « Parce que nous avons besoin de documenter nos collections, explique Brigitte Lafond, gestionnaire, Gestion de l’information au Musée des civilisations. Historiens et conservateurs trouvent ici d’importants renseignements lorsqu’ils font de la recherche ou préparent une exposition. Et certains de ces documents pourront éventuellement faire partie d’une de ces expositions. Le livre aussi est un artefact. Et il a une valeur émotive. »

Brigitte Lafond admet avoir parcouru les recettes contenues dans l’ouvrage intitulé Directions diverses données en 1878 par la Révérende mère Caron alors supérieure générale des sœurs de charité de la Providence pour aider ses sœurs à former de bonnes cuisinières. Publié en 1891, ce petit livre de recettes est un des premiers manuels d’art culinaire au Canada. « Il nous parle à la fois du rôle important des religieuses dans l’éducation générale des jeunes femmes et des habitudes alimentaires de la société de l’époque », précise-t-elle.

La collection de livres rares du Musée des civilisations se fait ainsi le témoin privilégié de l’histoire et de la culture des groupes qui forment la population canadienne.