Un trésor national et un grand mystère canadien

Le 1er janvier 2016

Le Musée canadien de l’histoire a récemment acquis cet essai philatélique grâce au Fonds de la collection nationale, qui est soutenu par des donateurs.

« Quand l’essai est devenu accessible, j’étais ravie parce que je savais que ce serait un précieux ajout à la Collection de timbres du Canada », a expliqué Bianca Gendreau, gestionnaire, le Canada contemporain et le monde, au Musée canadien de l’histoire. « Maintenant, tous les Canadiens pourront voir un essai de timbre qui est peut-être associé au gouvernement provisoire de Louis Riel au Manitoba. Il s’agit de l’un des plus grands mystères de la philatélie canadienne. »

Hypothèses contradictoires

On connaît l’existence de 10 exemplaires du motif. Le premier a fait surface en 1929 et suscité l’intérêt soutenu des philatélistes. Trois font partie de la collection philatélique royale, au Royaume-Uni. Depuis la découverte des exemplaires de l’essai, le débat entourant leur ancienneté et l’histoire de leur production se poursuit.

« Après cette trouvaille, les chercheurs ont commencé à se pencher sur l’attribution de l’essai à Riel, personnalité emblématique de l’histoire canadienne », d’ajouter Bianca Gendreau.

Après avoir formé un gouvernement provisoire lors de la Rébellion de la rivière Rouge, en 1869-1870, Riel a nommé un maître de poste, Andrew Graham Ballenden Bannatyne, homme d’affaires bien connu. Certains sont d’avis que cette nomination témoigne à la fois de la confiance de Riel et de sa conviction de la valeur symbolique d’un système postal pour un nouveau pays. La production d’un timbre aurait constitué l’étape suivante habituelle.

Selon une autre théorie, l’essai aurait plutôt été produit lors de la Rébellion du Nord-Ouest en 1885, qui a mené à la condamnation de Riel pour trahison. Bien que la femme représentée sur l’essai ne soit pas Marianne, allégorie de la France républicaine, elle porte un type de bonnet qui symbolise la liberté et la Révolution française.

Il existe une autre hypothèse que l’attribution à Riel : l’auteur des essais aurait été un marchand de timbres, soit O. Kendall, de Winnipeg, soit Samuel Allan Taylor. Toutefois, un tel motif n’a jamais figuré dans les catalogues de l’époque.

« Cet essai raconte une histoire qui va bien au-delà du motif d’un timbre, de conclure Bianca Gendreau. Il s’agit d’un important exemple d’alliance entre une rareté philatélique et un épisode crucial de l’histoire du Canada. Ce petit morceau de papier soulève des questions au sujet du symbolisme de Louis Riel et du rôle historique susceptible d’être attribué à un timbre. »

Image : Essai philatélique qui pourrait avoir été commandé par Louis Riel. Musée canadien de l’histoire,
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