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Un avion blanc survolant un fond rouge au Musée canadien de l'histoire à Ottawa.

Ce que l’analyse d’ADN peut nous révéler à propos des colons de Bytown

Auteurs

Publié

26 aout 2022


Plan du cimetière de Barrack Hill

Plan du cimetière de Barrack Hill (ovale rouge) superposé sur la carte du centre-ville d’Ottawa

En le regardant aujourd’hui, vous ne devineriez jamais qu’une partie du centre-ville d’Ottawa a été construite sur le premier cimetière des colons de Bytown, le cimetière de Barrack Hill (vers 1827-1845). Après la découverte de restes humains sur la rue Queen lors de travaux de construction liés au train léger en 2013, l’enlèvement des vestiges du cimetière a commencé en 2014. Une autre découverte de squelettes humains en 2015, sous le stationnement du 62, rue Sparks, a conduit à de nouvelles fouilles en 2016. Bien que les individus trouvés au cours de ces saisons archéologiques aient depuis été réinhumés au cimetière Beechwood, je continue à travailler sur les renseignements qu’ils révèlent.

 

Fouilles sur la rue Queen, en 2014

Fouilles sur la rue Queen, en 2014

Fouilles du stationnement derrière le 62, rue Sparks

Fouilles du stationnement derrière le 62, rue Sparks, en 2016

Analyse de l’ADN mitochondrial

Mes recherches actuelles portent sur l’analyse d’ADN pour découvrir de nouvelles informations contenues dans les restes de la population du cimetière de Barrack Hill. En collaboration avec le McMaster Ancient DNA Centre, le séquençage de l’ADN mitochondrial a été réalisé avec succès sur 14 individus trouvés au cours de la saison sur le terrain de 2014, et d’autres essais seront effectués sous peu sur les restes de la saison sur le terrain de 2016.

L’ADN mitochondrial, transmis de mère à enfant, est un outil utilisé en recherche pour retracer la descendance directe à travers de nombreuses générations de la lignée maternelle. Les résultats obtenus jusqu’à présent ont permis d’obtenir des données sur la population et ont confirmé que les personnes enterrées dans le cimetière de Barrack Hill appartenaient aux haplogroupes européens H, U, J et K.

Un haplogroupe est un groupe de population ayant un lien génétique ancestral commun, ce qui nous donne une idée de leur origine géographique.

Résultats de l’ADN mitochondrial pour les sépultures de 2014

Sépultures 2014 – Résultat de l’haplogroupe issu de l’ADN mitochondrial
1 H
3 U5a2c1
4 H3+152
6 H4a1a4a
7 J1c3b
9 H5a1
10 U5b1f1a
11 K1a4a1c
13 H31a
14 H5a1a1d
15 J1c3b
16 H5a1
17 H1c1
18 H1e1a8

Il existe une diversité de sous-clades, ou sous-groupes (les chiffres et lettres qui suivent), pour chaque haplogroupe, bien qu’il existe deux cas dans lesquels les signatures ADN au niveau de la population sont identiques. Les sépultures 2014-7 et 2014-15 appartiennent toutes deux au groupe J1c3b, le seul haplogroupe J d’ADNmt de la série. Ces individus ont été retrouvés dans deux zones différentes du cimetière, sans que rien n’indique qu’ils soient apparentés.

Plan de trois des chantiers de fouille du site de la rue Queen

Plan de trois des chantiers de fouille du site de la rue Queen. Les sépultures 7 et 15 sont indiquées par des flèches (Mortimer, 2014).

Plan de chantier de la sépulture 9 et 16

Plan de chantier de la sépulture 9 et 16 (Mortimer, 2014)

Nous avons constaté que les sépultures 2014-9 et 2014-16 appartenaient non seulement à l’haplogroupe d’ADNmt H5a1, mais qu’elles avaient également été exhumées du même puits de sépulture. Il s’agissait de l’une des deux seules sépultures superposées rencontrées au cours des deux saisons de fouilles sur le site. Les sépultures ont été numérotées par ordre de découverte. La 2014-9 a été trouvée au-dessus de la 2014-16, avec une couche de terre séparant les deux cercueils. L’analyse anthropologique des squelettes indique que les tombes étaient celles d’enfants âgés de 3 à 6 ans au moment du décès. L’enfant dans le cercueil du bas, dont l’enterrement est le plus ancien, soit la sépulture 2014-16, était légèrement plus âgé que l’enfant de la sépulture 2014-9.

Qui pourraient être ces enfants?

Il existe un ensemble incomplet de registres d’inhumation datant de l’époque où le cimetière de Barrack Hill était utilisé. J’ai fait des recherches dans ces registres et j’ai identifié deux personnes dans le registre presbytérien avec les âges appropriés au décès et une séquence d’inhumation similaire à ce que nous voyons dans les restes exhumés. Il s’agit de deux enfants nés d’Alexander Anderson (1808–1886) et de Margaret Whillans (1811–1882), de Gloucester. John Anderson est décédé à l’âge de 5 ans, le 3 juillet 1841. Barbara Anderson est décédée à l’âge de 3 ans, le 7 juillet 1841. Compte tenu de l’ordre de décès, du fait que les enfants sont morts à quelques jours d’intervalle et des tranches d’âge identifiées pour chacun, John pourrait être l’enfant de la sépulture 16 tandis que Barbara pourrait être l’enfant de la sépulture 9.

Quelles sont les prochaines étapes?

J’ai demandé au laboratoire d’ADN de l’Université McMaster de comparer les résultats des sépultures 2014-9 et 2014-16 pour voir si les enfants avaient les mêmes parents. Cela nous permettra de savoir si les sépultures 2014-9 et 2014-16 étaient frère et sœur. Si le laboratoire détermine que ces enfants étaient frère et sœur, la prochaine étape pour définir s’il s’agit bien de John et de Barbara serait de trouver un parent ou une parente en vie de la lignée féminine de leur mère, Margaret. Je mène actuellement des recherches généalogiques pour déterminer si une telle personne existe. Si une personne de cette descendance peut être identifiée, une analyse d’ADN plus approfondie pourrait être tentée pour nous permettre de savoir avec certitude si ces jeunes étaient bien les enfants Anderson. Cela mènerait à la première identification positive d’individus enterrés au cimetière de Barrack Hill.

Alors que je continue à travailler sur les personnes enterrées au cimetière de Barrack Hill, leurs restes nous donnent un aperçu de la vie des hommes, des femmes et des enfants de la classe ouvrière qui ont construit une ville aujourd’hui devenue la capitale de notre pays. Vous pourrez bientôt lire leur histoire dans un livre en cours d’écriture.

Références et renseignements complémentaires
Janet Young

Janet Young

 

Janet Young, Ph. D., est conservatrice de l’anthropologie physique au Musée canadien de l’histoire. Ses recherches portent sur les changements biomécaniques et pathologiques du squelette humain en relation avec les modes d’activité et les résultats de santé générale des populations passées et présentes. Son expertise comprend les études muséales, le rapatriement, la médecine légale, la bioarchéologie, les pratiques funéraires et le handicap.

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