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Preserved dried tissue from inside the skull.

Détective des os  – La Demoiselle : « travaillée du chapeau »?

Auteurs

Publié

6 oct. 2023


An old photograph showing a women's hairstyle of the era.

Coiffure semblable de celle qu’aurait portée la Demoiselle.

(Appleton & Hollinger)

Preserved dried tissue from inside the skull.

Substance séchée et préservée retrouvée à l’intérieur du crâne.

(Young, 2017).

Les ossements retrouvés suggèrent que cette femme a été enterrée sur le dos, les bras le long du corps, les mains posées sur les cuisses, les pieds vers l’est et la tête tournée vers le sud. Comme bien des squelettes exhumés sur le site, le sien est incomplet, mais il diffère des autres. Sous son crâne, on a retrouvé une couche de cheveux, et, à l’intérieur du crâne, des restes d’une étrange substance.

(Source d’images : Appleton & Hollinger)

Sur le site, c’est son corps qui est le mieux préservé. Ses cheveux, repoussés derrière une oreille, avec un chignon derrière la tête et des boucles encadrant le visage, sont coiffés comme le voulait la mode à l’époque. À l’intérieur de son crâne, on a retrouvé une substance qui ressemble, en poids et en texture, à de la mousse de sphaigne séchée.

Qui était-elle?

Sans doute dans la vingtaine au moment de sa mort, droitière, d’une taille de 4 pi 11 po à 5 pi 3 po, elle aurait été malade ou aurait souffert de malnutrition, enfant, ce qui n’était pas rare dans la première moitié du 19e siècle pour les gens qui atteignaient l’âge adulte. Elle semblait en assez bonne santé, malgré quelques mauvaises cavités et une maladie parodontale. Ses jointures montraient des signes d’usure.

Diagram of Burial 2014-14.

Dessin de la sépulture 2014-14.

(Mortimer, 2014).

Quelle était son occupation?

Saviez-vous que votre corps s’adapte à vos activités? L’émail des dents, une fois altéré, ne se régénère pas, mais les os, oui; ils se transforment constamment et s’adaptent à nos activités. Analyser ces transformations m’a aidée à comprendre ce à quoi s’occupaient les gens autrefois. Notre Demoiselle avait l’émail des dents abimé sur le devant, et la surface des os s’était couverte d’une accumulation osseuse à l’intérieur de la cavité orale, sans doute parce qu’elle utilisait sa bouche comme une troisième main. J’ai remarqué des transformations osseuses semblables, mais encore plus prononcées, chez une couturière dont les ossements ont été retrouvés sur le site. Les rotules montraient que le ligament cruciforme antérieur était étiré et que les genoux restaient pliés à un angle de 45 degrés pendant de longues périodes. Pouvons-nous supposer qu’elle se tenait assise, jambes écartées, serrant quelque chose entre ses genoux?

(Source d’images : Gray’s Anatomy)

ACL attachments on the femur.

Rattachement du ligament cruciforme antérieur au fémur.

(Gray’s Anatomy).

Était-elle donc chapelière?

Ces observations suggèrent que la Demoiselle s’occupait à des travaux d’aiguille. Était-elle couturière? Si oui, j’aurais anticipé que les changements observés dans sa dentition seraient semblables à ceux observés chez l’autre couturière. Mais il y a un autre métier qui fait usage d’épingles, d’aiguilles et de fils, peut-être un peu moins connu : c’est celui de chapelière. Il s’agissait aussi de l’un des rares métiers que pouvait occuper une femme à l’époque. Il est facile d’imaginer notre Demoiselle en train de fabriquer un chapeau, en tenant entre les genoux un porte-chapeau où poser son ouvrage.

(Source de l’image : 1822, Chapellerie, Paris, par John James Chalon)

Depiction of milliner with a head form held between her knees.

Représentation d’une chapelière avec porte-chapeau entre les genoux.

(1822, Chapellerie, Paris, par John James Chalon).

Quoi d’autre sommes-nous en mesure d’observer?

Saviez-vous qu’à l’époque, dans le processus d’embaumement, on utilisait du mercure pour préserver les tissus mous? Et que l’on s’en servait aussi, dans la première moitié du 19e siècle, pour préparer les cuirs et feutres servant à la confection de chapeaux? Ce faisant, les personnes qui pratiquaient ce métier en absorbaient une bonne quantité, et, avec le temps, du mercure s’accumulait dans leur système nerveux central, y compris le cerveau, ce qui causait des troubles neurologiques. D’où l’expression « travaillée du chapeau », qui était couramment utilisée pour décrire les personnes souffrant de ces troubles dans les années 1800.

On peut donc présumer que les cheveux et le tissu cérébral de la Demoiselle, contrairement à d’autres, retrouvés sur le site, étaient bien préservés grâce à la forte concentration de mercure dans son système, due au métier qu’elle pratiquait.

Si cette exposition prolongée au mercure a suffi à préserver ses cheveux et son cerveau, on peut croire qu’elle a aussi eu un impact sur la santé physique et mentale de la Demoiselle. Était-elle « travaillée du chapeau »? On ne le saura jamais. Mais si le mercure a contribué à son décès, elle aurait connu une longue et lente détérioration de sa santé, commençant par des pertes de mémoire, d’autres déficiences, des maux de tête, de l’insomnie, des tremblements et une insensibilité dans les mains, des vertiges, une perte de concentration, une fragilité émotionnelle et beaucoup de fatigue. Un triste destin pour notre Demoiselle.

(Source d’images : Pixabay)

Mad hatter depiction.

Représentation de ce qu’on appelle un « Mad hatter » en anglais [littéralement, « chapelier fou »].

(Pixabay).

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