Au cours des prochains mois, le public du Musée canadien de l’histoire aura une occasion unique de découvrir et de réfléchir à l’histoire et aux conséquences des pensionnats au Canada.
La Couverture des témoins
Du 8 février au 5 mai, le public pourra découvrir une version itinérante de la Couverture des témoins, une installation artistique puissante réalisée par le célèbre artiste multidisciplinaire Carey Newman (Ha̱yałka̱ng̱a̱me’). L’exposition itinérante a été créée en collaboration avec l’artiste et le Musée canadien pour les droits de la personne.
Inspirée d’une couverture tissée, cette reproduction encadrée en cèdre représente plus de 800 objets de l’histoire des pensionnats pour Autochtones. Ces éléments ont été rassemblés par Newman et une équipe dévouée pour réaliser l’installation originale de la Couverture des témoins.
De nombreux objets ont été donnés par des personnes survivantes des pensionnats et leurs familles, des bureaux de conseils de bande et des centres d’amitié. D’autres ont été récupérés sur d’anciens sites de pensionnats. Les responsables du système de pensionnats, c’est-à-dire les églises et les gouvernements fédéral et provinciaux canadiens, ont également fourni des objets pour l’installation.

La version itinérante de la Couverture des témoins est une réplique photographique grandeur nature de l’installation originale.
Photo : Musée canadien pour les droits de la personne, Aaron Cohen
Les objets de la Couverture sont complétés par des récits oraux de personnes survivantes enregistrés. Ensemble, ils témoignent de la solitude et des abus infligés par le système des pensionnats et les personnes qui le géraient, tout en reflétant le courage et la résilience des enfants qui ont dû quitter leur famille.
L’inspiration personnelle de Newman pour ce projet était d’honorer l’expérience de son père Victor en tant que survivant de pensionnat. Le témoignage est un message central de son œuvre. Ce thème englobe à la fois la force collective et la vérité des histoires contenues dans la Couverture, mais aussi l’acte de témoignage qui est demandé de la part des membres du public.
« Dans les traditions orales de mes ancêtres, les témoins jouent un rôle important. Pour ne pas oublier, les témoins regardent, écoutent, se souviennent et partagent avec d’autres ce qui a été appris. »
— Carey Newman
Les personnes qui viendront voir la Couverture des témoins sont invitées à témoigner, à réfléchir aux récits de l’installation et à partager leurs intentions de transmettre ce qu’elles ont appris. Newman espère ainsi que le public conservera, dans leur vie, ce qu’il a appris après avoir visité la Couverture.
Les groupes scolaires et le public peuvent également assister au film documentaire Recoller les morceaux : la conception de la Couverture des témoins au CINÉ+.
Monument commémoratif des pensionnats pour Autochtones
Le public pourra approfondir sa compréhension et ses réflexions sur l’histoire des pensionnats et la réconciliation en visitant le Monument commémoratif des pensionnats pour Autochtones, récemment installé par le maitre sculpteur kwagu’ł Stanley C. Hunt.
Sculptée dans le tronc d’un cèdre rouge, l’œuvre mesure 5,5 mètres (18 pi) de haut et 1,2 mètre (4 pi) de large. Elle présente 130 visages d’enfants sans sourire. Un grand corbeau les regarde d’un air protecteur. Des emblèmes tels que la feuille d’érable et la croix, ainsi que les abréviations de la Gendarmerie royale du Canada et de la Police montée du Nord-Ouest, ont été sculptés à l’envers.

À l’arrivée du monument, Stanley, sa famille et de nombreux membres du personnel du Musée ont participé à une cérémonie lors de laquelle du duvet d’aigle a été utilisé pour bénir le monument.
Musée canadien de l’histoire, IMG2023-0309-0056-Dm
Hunt a décidé de créer cette œuvre en mai 2021, lorsqu’il a entendu l’annonce de la Nation Tk’emlúps te Secwépemc concernant l’emplacement de tombes non marquées d’enfants autochtones sur le site de l’ancien pensionnat de Kamloops.
Le Monument commémoratif des pensionnats pour Autochtones est situé dans le salon Quatre Saisons, au Niveau 1 du Musée canadien de l’histoire.
Des vérités à écouter : témoignages de personnes survivantes des pensionnats, art et réconciliation
Enfin, le personnel enseignant et les écoles qui envisagent de visiter le Musée canadien de l’histoire dans les mois à venir peuvent également participer à un nouveau programme d’apprentissage en personne : Des vérités à écouter : témoignages de personnes survivantes des pensionnats, art et réconciliation. Le programme utilise une série d’activités guidées axées sur le rôle puissant de la terre et du déplacement dans l’histoire des pensionnats et dans le processus de réconciliation.
Ce programme a été développé en partenariat avec Carey Newman, Andrea Walsh, Ph. D., et un groupe de personnes survivantes du pensionnat d’Alberni, sur l’ile de Vancouver. Il utilise les œuvres d’art créées par ces personnes survivantes lorsqu’elles ont été contraintes de fréquenter l’école dans les années 1950 et au début des années 1960.
Leur art offre aux personnes participant au programme une source d’inspiration pour réfléchir aux relations entre les Autochtones et la terre, à l’histoire des pensionnats du Canada, au colonialisme et à leur propre place sur le chemin de la réconciliation au Canada. Il s’inscrit dans le cadre d’une collaboration de 10 ans entre le Musée et l’Alberni Indian Residential School Survivors Art and Education Society.
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Les survivants du pensionnat indien d’Alberni, de gauche à droite, Chuck August, Gina Laing et Dennis Thomas de Port Alberni brandissent leurs peintures au Musée canadien de l’histoire.
Photo par : Dave Chan
Ces expositions et programmes permettent au public canadien de réfléchir à un aspect particulièrement difficile de l’histoire du pays. Comme le dit l’Ainé Stan Mackay :
« Tout le monde a des histoires à raconter et, pour progresser dans la tolérance et la compréhension, nous devons écouter les histoires des autres. »
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James Trepanier
James Trepanier est entré au service du Musée en 2013 et a été membre de l’équipe responsable de la salle de l’Histoire canadienne, qui a ouvert ses portes en 2017. Il a dirigé la création de contenus liés à la diversité et aux droits de la personne, à l’histoire sociale et politique du 20e siècle, à l’histoire et à l’héritage des pensionnats pour Autochtones, ainsi qu’à la croissance et à la réforme sociale du début du 20e siècle.
Lire la notice biographique complète de James Trepanier