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Un avion blanc survolant un fond rouge au Musée canadien de l'histoire à Ottawa.

Flambeaux olympiques : susciter des conversations sur le sport et la société

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Publié

7 aout 2024


Le flambeau est un symbole qui marque le début des Jeux olympiques. Plusieurs mois avant la compétition, la flamme est allumée à Olympie, en Grèce. Les personnes choisies pour porter le flambeau le transportent jusqu’au Stade olympique et allument la vasque officielle. La flamme brule jusqu’aux cérémonies de clôture.

Bien que la flamme rappelle le monde antique, elle constitue néanmoins une tradition olympique relativement récente.

Les flambeaux ont été utilisés pour la première fois lors des Jeux d’Amsterdam, en 1928. Le premier relai du flambeau a eu lieu aux Jeux de Berlin, en 1936. Les figures dirigeantes du monde sportif pensaient que la flamme était un symbole puissant qui reliait les jeux modernes à leurs origines antiques. Ce que l’on sait moins, c’est que les origines du relai du flambeau étaient fortement liées au nazisme. La flamme a traversé cinq pays aidant en effet à répandre des idées racistes sur son trajet. Après la Seconde Guerre mondiale, les membres du comité organisateur des Jeux de Londres de 1948 ont toutefois réimaginé le relai de la flamme comme un outil de promotion de la paix.

Au Musée canadien de l’histoire, les flambeaux olympiques nous fascinent, parce qu’ils suscitent de plus grandes conversations sur le sport et la société.

Neuf flambeaux olympiques groupés par 3 sur des fonds pales.

Flambeaux olympiques.

Photo : Nicholas Lafontaine/Musée canadien de l’histoire

Innovations entourant le flambeau

Le Canada a accueilli les Jeux olympiques pour la première fois en 1976. Montréal avait été choisie comme ville hôte. Quelques décennies plus tard, l’héritage de ces jeux laisse une impression mitigée. Ils évoquent souvent une piètre planification, des retards de construction et des couts élevés. Le flambeau représentait cependant un point positif.

Selon les critères d’aujourd’hui, le relai de la flamme de 1976 a été plutôt modeste. Il s’est déroulé sur cinq jours et s’est étendu sur 775 kilomètres entre Kingston, Ottawa et Montréal. Quelque 1 200 personnes se sont portées bénévoles pour porter le flambeau et l’escorter.

Avant les Jeux de Montréal, les flambeaux olympiques avaient tendance à avoir un aspect plus traditionnel ou ancien. La couleur rouge vif et l’aspect épuré du flambeau de 1976 ont dérogé à la coutume. Les designers Georges Huel et Michel Dallaire ont contribué à faire évoluer le flambeau vers des modèles qui attirent davantage l’attention, comme c’est le cas aujourd’hui.

Deux jeunes adultes qui allument le flambeau olympique devant une foule dans un stade

Sandra Henderson et Stéphane Préfontaine, porteuse et porteur du flambeau lors des cérémonies d’ouverture des Jeux de Montréal, en 1976.

Photo : Jerry Cooke/Sports Illustrated, par Getty Images

Un flambeau rouge et noir.

Le flambeau olympique de 1976 à Montréal.

Musée canadien de l’histoire, 2021.126.4

Itinéraires du flambeau et résistance

Le lieu de passage du flambeau peut être une source de fierté civique. Le flambeau des Jeux de 2016 à Rio, par exemple, s’est rendu dans plus de 300 villes et villages, a parcouru 36 000 kilomètres et a ainsi offert à 90 % de la population brésilienne la possibilité de la voir. Sur son parcours, le flambeau s’est arrêté sur des plages emblématiques et des sites de renommée mondiale, comme la statue du Christ rédempteur à Rio.

Le relai du flambeau peut également attirer des manifestations. De nombreuses personnes s’interrogent sur les dépenses et les répercussions environnementales des Jeux olympiques. En 2016, un groupe formé de personnel enseignant a interrompu le relai de la flamme de Rio dans le cadre d’une grève. Lors des Jeux de 2010, à Vancouver, plus de 50 groupes se sont formés sous l’égide du Réseau de résistance olympique.

Gros plan sur le bout d'un flambeau blanc avec des courbes vertes.

Le flambeau olympique de Rio de Janeiro, en 2016.

MCH, 2021.126.43.1

Le flambeau et la politique

Le flambeau des Jeux de 1968 à Mexico est associé à l’une des protestations d’athlètes les plus célèbres de l’histoire des Jeux olympiques. C’était l’apogée du mouvement des droits civiques et de la guerre du Viêt Nam, et les protestations étaient nombreuses aux États-Unis. Les sprinteurs américains Tommie Smith et John Carlos, ainsi que d’autres athlètes du Olympic Project for Human Rights (Projet olympique pour les droits de la personne), voulaient protester pacifiquement contre le racisme et la pauvreté. Ils ont envisagé de boycotter les Jeux olympiques, mais ils ont changé de plan.

Lors de la cérémonie de remise des médailles de la finale du 200 mètres masculin, Smith, médaillé d’or, et Carlos, médaillé de bronze, ont incliné la tête et levé le poing. Ils portaient des perles noires et des foulards noirs au cou. Le médaillé d’argent australien Peter Norman a soutenu la protestation en arborant un écusson du Projet olympique pour les droits de la personne sur sa veste pendant la cérémonie.

À la suite de la protestation, les athlètes américains ont été rapidement sanctionnés. Ils ont été suspendus de l’équipe olympique américaine et expulsés du village olympique. Les trois ont connu des difficultés personnelles et professionnelles dans les décennies qui ont suivi.

Trois personnes sur un podium dans un stade avec une foule en arrière plan.

Tommie Smith (au centre), Peter Norman (à gauche) et John Carlos (à droite) protestent lors de la cérémonie de remise des médailles du 200 mètres endant les Jeux olympiques d’été de 1968.

Photo : Rich Clarkson / Getty Images

Un flambeau olympique noir avec des motifs blancs et du bois.

Le flambeau des Jeux olympiques de Mexico, en 1968.

MCH, 2021.126.33

Vers Paris 2024, Milan 2026 et au-delà

Certaines personnes pensent que les sports ne devraient pas être mêlés aux conflits et aux questions qui se posent dans d’autres secteurs de la société. Cependant, les forces qui façonnent l’histoire sont les mêmes que celles qui façonnent le sport. Les flambeaux olympiques sont puissants parce qu’ils nous rattachent à de grands moments culturels et à des changements historiques.

Alors qu’un grand nombre de personnes au Canada se tournent vers la couverture des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 et de Milan 2026, nous espérons qu’elles porteront attention aux flambeaux et qu’elles auront envie de connaitre leur histoire.

Maya Maayergi

Maya Maayergi est étudiante diplômée du programme d’études en conservation de l’Université Carleton. Elle s’intéresse notamment à l’histoire des Jeux olympiques.

Photo de Sarah Barnes

Sarah Barnes

Sarah Barnes a rejoint le Musée en 2023 en tant que conservatrice des sports et des loisirs. Elle a été professeure adjointe d’études expérientielles en communauté et sports à l’Université du Cap-Breton. Elle est titulaire d’une maitrise et d’un doctorat de l’école de kinésiologie et d’études de la santé de l’Université Queen’s.

Lire la notice biographique complète de Sarah Barnes
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