La victoire d’Équipe Canada sur l’équipe nationale de hockey de l’Union soviétique le 28 septembre 1972 est l’un des moments de l’histoire sportive parmi les plus célébrés au pays. Nombreux sont les Canadiens qui se souviennent avec précision de l’endroit où ils étaient lorsque Paul Henderson a marqué son célèbre but vainqueur.
Avant ce but historique, la victoire était toutefois loin d’être assurée : à moins d’une minute de la fin du dernier match de la série, les formations étaient à égalité. Équipe Canada avait été prise de court par la qualité du jeu de ses opposants soviétiques.
Les hockeyeurs canadiens, parmi les meilleurs de la Ligue nationale de hockey, étaient convaincus que la victoire en huit matchs serait un jeu d’enfant. Ils revenaient de vacances et considéraient la série comme une occasion de s’entraîner avant le début de la prochaine saison. Puisqu’aucun journaliste occidental ne possédait de carte de presse pour couvrir le hockey en Union soviétique, très peu de personnes avaient une idée de la prouesse technique des ligues soviétiques. De leur côté, les joueurs et les entraîneurs soviétiques avaient bien analysé le hockey canadien; l’équipe s’était préparée tout au long de l’année en vue de cette série.
Les quatre premiers matchs ont eu lieu en sol canadien, et les quatre derniers, à Moscou. La victoire de 7 à 3 des Soviétiques dès le premier match a créé une véritable commotion chez beaucoup de Canadiens. Équipe Canada est parvenue à arracher la victoire au second match, malgré un jeu qui laissait à désirer, alors que la troisième partie s’est terminée à égalité. Ensuite, les Soviétiques ont remporté les quatrième et cinquième matchs. À la fin de la quatrième et dernière rencontre au Canada, à Vancouver, l’équipe canadienne, défaite, a dû quitter la glace sous les huées des spectateurs. Elle gagnera cependant les trois autres matchs, remportant ainsi la série avec quatre victoires, trois défaites et un match nul. Le but historique marqué par Henderson dans les 34 dernières secondes du huitième et ultime match a mis un terme au duel et a assuré le triomphe du Canada.
De nos jours, la Série du siècle évoque avant tout une victoire retentissante qui a marqué l’histoire du hockey au Canada. Or, cet événement revêtait aussi une connotation politique. En 1968, le premier ministre Pierre Trudeau avait mis sur pied un groupe de travail qui mènera à la fondation de Hockey Canada, un organisme-cadre voué à la promotion de ce sport au pays et à l’étranger. Quelques années plus tard, Pierre Trudeau et son homologue soviétique, Alexeï Kossyguine, ont convenu d’organiser une compétition internationale de hockey afin d’améliorer les relations entre les deux pays. C’est ainsi qu’est né le projet de la Série du siècle de 1972, sous l’étendard de la diplomatie au hockey – même si chaque pays avait à cœur de gagner. Jouée en pleine guerre froide, la Série a symbolisé pour beaucoup une bataille entre l’Union soviétique et l’Occident, entre « eux et nous ».
On estime que 13 des 21 millions de Canadiens de l’époque ont regardé le dernier match à la télévision. Dans les écoles, on avait permis aux enfants de regarder cette partie, et des entreprises ont même fermé leurs portes pour que leurs employés puissent en suivre le déroulement à la maison.
Cette année marque le 45e anniversaire de la Série du siècle, un événement qui n’a cessé d’inspirer les Canadiens. D’après un sondage mené en 2000 par l’Institut du Dominion, le but de Paul Henderson compte parmi les plus grands moments de l’histoire canadienne. La Presse canadienne a surnommé les joueurs de cette série l’« équipe du siècle », laquelle est d’ailleurs la seule à avoir été intronisée au Temple de la renommée des sports du Canada.
Un bâton autographié par Paul Henderson et le légendaire chandail qu’il a endossé durant la Série du siècle sont présentés jusqu’au 9 octobre, dans l’exposition Hockey ainsi que dans l’expovitrine Souvenirs de hockey : la collection par excellence. La collection du Musée canadien de l’histoire comprend d’autres artefacts liés à ce duel mémorable, notamment le chandail du défenseur Gary Bergman et son sac de hockey, des billets, une rondelle et des enregistrements des matchs. Ne manquez pas l’occasion de voir cette exposition et l’expovitrine avant leur fermeture, le 9 octobre.