Les imprévus du désert

L'Afrique, c'est la chaleur, le vent et le sable. La ligne Casablanca-Dakar est dangereuse et les pilotes le savent. S'ils ont une panne, ils doivent la réparer sous un soleil de plomb et au risque de voir apparaître les Maures derrière les dunes. En effet, cette zone désertique entre le Rio de Oro espagnol et la Mauritanie française est parcourue par des tribus nomades rebelles qui ne tolèrent pas la présence des Européens.

Marcel Reine et Édouard Serres prisonniers des Maures durant 117 jours.
Marcel Reine et Édouard Serres prisonniers des Maures durant 117 jours.
Les pilotes de l'Aéropostale doivent survoler des régions occupées par des Maures hostiles aux européens. Un interprète vole avec l'équipage afin de persuader les Maures de ne pas les tuer.
Gracieuseté du Musée Air France
Pour des raisons de sécurité, Didier Daurat fait voler les avions deux par deux. En 1925, les pilotes Rozès et Ville doivent se poser en catastrophe. Rapidement, les Maures les entourent. Une fusillade s'ensuit. Ils réussissent à s'enfuir dans l'avion de Ville, mais ils doivent abandonner le courrier coincé dans l'avion de Rozès. Les Maures l'ouvrent dans l'espoir de trouver de l'argent. On récupérera en partie seulement le courrier, huit mois plus tard. Les enveloppes récupérées ont réexpédiées au destinataire mais elles ne contiennent plus d'argent.

Un interprète accompagne désormais les pilotes pour parlementer avec les tribus en cas d'atterrissage forcé, et Didier Daurat s'entend avec les tribus maures pour qu'elles restituent pilote et courrier contre une rémunération convenable. Ainsi, des pilotes comme Reine, Mermoz et d'autres, qui sont capturés par la suite, sont libérés contre des rançons.

Cependant, malgré l'entente conclue, les pilotes Gourp et Érable ainsi que le mécanicien Pintado sont attaqués par une tribu maure. lorsqu'ils se posent au cap Bojador, en 1926, en raison d'une avarie de moteur. Pintado et Érable sont tués. Gourp, grièvement blessé, agonise pendant 10 jours promené à un dos de chameau; il tente de se suicider pour mettre fin à ses souffrances. Il sera libéré trop tard contre une rançon de 5000 pesetas.

Un homme, pourtant, va modifier l'attitude des Maures envers les Français. C'est Saint-Exupéry. Il est nommé chef d'aérodrome à Cap-Juby et est chargé d'assurer le ravitaillement en essence, de fournir les pièces de rechange et de porter secours aux appareils en détresse. Il va cependant au-delà de sa mission et s'efforce d'entretenir des relations amicales avec les campements maures situés près de l'aérodrome. Il gagne la confiance des chefs maures qui sont jusqu'alors hostiles aux Européens.