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Années 1970 Les années d’expansion
L’avenir s’annonçait radieux quand la West Baffin Eskimo Co-operative est entrée dans sa deuxième décennie. Des expositions internationales présentant des estampes de Cape Dorset, la hausse des ventes et la parution d’ouvrages spécialisés contribuaient à inscrire les estampes inuites dans le tissu culturel du Canada – Postes Canada a même émis en 1970 un timbre de 6 cents montrant une célèbre estampe de Kenojuak Ashevak, Le hibou enchanté, créée en 1960.
Les graveurs de l’atelier de la West Baffin Eskimo Co-operative ont continué à élargir leurs horizons artistiques. En 1972, avec l’aide de Lowell Jones, Robert Patterson, Charlie Patcher et Avrom Isaacs, les artistes de Cape Dorset recevaient leur première presse lithographique et commençaient à explorer cette nouvelle technique de gravure.
L’artiste néo-écossais Wallace Brannen a travaillé à Cape Dorset à partir de 1974 à enseigner diverses techniques lithographiques et les artistes de Cape Dorset ont publié commercialement en 1975 leurs premières lithographies, qui venaient s’ajouter aux gravures sur pierre, aux pochoirs et aux gravures.
La technique originale de gravure sur cuivre des années 1960 a été supplantée par les eaux-fortes et les aquatintes, avec Kooyoo Simiga, Udluriak Pudlat et Oqsuraliq Ottochie, qui constituaient le personnel de gravure à l’eau-forte en résidence. Le typographe Will Hudson, de Coachhouse Press, à Toronto, a introduit en 1972 un projet de typographie éphémère mais passionnant.
Outre cette évolution technique, les artistes ont continué d’explorer de nouveaux thèmes : en 1976, Pudlo Pudlat a publié sa lithographie Aéroplane, la première de ses nombreuses estampes représentant des avions, des hélicoptères et d’autres appareils modernes du « Nord nouveau ».
D’autres artistes ont continué à mettre au point des manières plus éloquentes de représenter des sujets traditionnels, par exemple les animaux de l’Arctique, les mythes et l’histoire. Le Nord changeait, et les estampes de Cape Dorset en faisaient autant.
Tout au long des années 1970, la dimension des collections annuelles est passée d’environ 50 à plus de 110 estampes différentes par an. L’atelier de Cape Dorset a introduit des collections spéciales à tirage limité et des commandes, tout particulièrement pour le World Wildlife Fund, le Musée national de l’Homme et d’autres sociétés et musées d’art privés.
Il n’y a pas lieu de s’étonner que le nombre de graveurs ait augmenté de façon spectaculaire au cours de cette décennie. Sont venus s’ajouter à la liste de graveurs sur pierre et au pochoir des années 1960 (p. ex., Eegyvudluk Pootoogook, Iyola Kingwatsiak, Kananginak Pootoogook, Lukta Qiatsuk et Timothy Ottochie) Laisa Qudjuakjuk, Ningeochiak Pudlat, Pee Mikkigak, Qabavoak Qatsiya et Saggiaktok Saggiaktok. Dans le nouvel atelier de lithographie, on comptait parmi les graveurs actifs Aoudla Pudlat, Ilakimi Nungusuituq, Johnny Manning, Keakshuk Niviaqsi, Kudlua Simionie, Kuyu Ragee, Pitseolak Niviaqsi et Pootoogook Kiakshuk.