Années 1980 Une décennie de défis
La nouvelle décennie a été riche en défis pour l’atelier de gravure de Cape Dorset. Une récession économique mondiale, au début des années 1980, a affaibli le marché de l’art dans le monde. De plus, un certain nombre d’artistes âgés qui avaient contribué régulièrement sont décédés, dont Pitseolak Ashoona (1983), Sheokjuk Oqutaq (1982), Timothy Ottochie (1982), Eegyvudluk Ragee (1983) et Lucy Qinnuajuak (1982). D’autres perspectives d’emploi s’offrant au sein de la communauté, moins de jeunes, semblait-il, souhaitaient fournir des dessins à l’atelier. Alors qu’en 1974 la collection annuelle regroupait 20 artistes, en 1985 seulement 10 artistes étaient représentés dans la collection, et ils étaient tous âgés.
L’atelier ne ménageait pas ses efforts pour renouveler l’intérêt local pour le programme d’arts graphiques en offrant divers programmes nouveaux tout en conservant les anciens. Terrence Ryan, le conseiller artistique en résidence, a proposé de tenir un « atelier ouvert » à Cape Dorset en 1986. Y ont participé des artistes inuits de différentes régions du Nord pour apprendre des techniques de gravure auprès de graveurs confirmés de Cape Dorset et d’ailleurs. Ce programme complétait le programme existant d’artistes invités de la West Baffin Eskimo Co-operative, qui s’est poursuivi jusque dans les années 1980. Le programme d’artistes invités avait été créé de façon informelle quelques années auparavant pour amener des artistes du Sud à Cape Dorset afin de travailler au côté d’artistes inuits.
Parmi les graveurs sur pierre et au pochoir les plus éminents de cette décennie figuraient Arnasu Qudjuaju, Eegyvudluk Pootoogook, Iyola Kingwatsiak, Kiakshuk Niviaqsi, Kabubuwa Katsiya, Laisa Qudjuakjuk, Pee Mikkigak, Saggiaktok Saggiaktok et Timothy Ottochie. Les principaux lithographes étaient Pitseolak Niviaqsi, Pootoogook Qiatsuk et Audla Pudlat, les aquafortistes et les aquatintistes étant Auksuali Ottochi, Kooyoo Simiga (gravure sur pierre, également) et Udluriak Pudlat.
Par rapport aux années 1970, années de croissance où l’atelier de Cape Dorset avait parfois publié plus de 100 estampes différentes par an, les collections annuelles des années 1980 étaient plus petites, et il n’y a eu que 30 estampes en 1989. Les portefeuilles d’eaux-fortes sont disparus vers 1984. Les collections annuelles comprenaient des œuvres d’un plus petit nombre d’artistes, et la viabilité de l’atelier paraissait incertaine. À la fin de la décennie, Kananginak Pootoogook, Kenojuak Ashevak, Pitaloosie Saila, Mary Pudlat, Napachie Pootoogook et Pudlo Pudlat formaient le noyau des graphistes fournissant des dessins à l’atelier de gravure.
Cependant, plusieurs artistes et graveurs plus jeunes assumaient discrètement un plus grand rôle dans les coulisses. Pitseolak Niviaqsi, qui a travaillé au côté de Bill Ritchie, conseiller artistique invité et maître-graveur à la fin des années 1980, a commencé à explorer une plus grande diversité de techniques lithographiques – lavis lithographiques, pierres grand format, encres métalliques et couleurs superposées de manière complexe – pour augmenter les possibilités d’expression artistique des graphistes de Cape Dorset. Il est devenu évident à la fin des années 1980 que Kavavaow Mannomee s’affirmait de plus en plus comme artiste et graveur sur pierre, et Qiatsuk Niviaqsi et lui ont joué un rôle plus important à l’atelier. À la fin des années 1980, les graphistes Audla Pudlat et Arnaqu Ashevak – nouveau venu à l’atelier – fournissaient un nouvel ensemble de dessins à la banque d’images de l’atelier. Jimmy Manning, qui a commencé à travailler à l’atelier dans les années 1970, a assumé de plus grandes responsabilités comme administrateur de l’atelier. Comme l’avait écrit Terrence Ryan avec prescience dans le catalogue de 1987 : « Il y a du changement dans l’air... »