L’artefact

L’artefact

© Musée canadien des civilisations, VI-I-27, Photo Marie-Louise Deruaz, IMG2010-0112-0002-Dm


  1. « Les caribous étaient souvent pris dans des collets fabriqués avec six lanières de babiche de caribou tordues ensemble. Pour que le résultat soit bien serré, il ne fallait pas utiliser plus de six lanières. Quand on tend le collet, on laisse le bas de la boucle à environ deux pieds [60 cm] au-dessus du sol, et l’ouverture est large d’environ deux pieds [60 cm] et haute d’environ trois pieds [90 cm]. On attache les quatre coins à des saules avec des brins d’herbe qui se cassent facilement. Les caribous mâles insèrent leurs bois soigneusement dans la boucle sans se rendre compte que c’est un collet. Les mâles luttent bien plus que les femelles quand ils sont pris dans un collet. Lorsqu’on en trouve un vivant, il suffit de l’atteindre au cœur avec une lance à caribou pour l’achever. Certains hommes posent dix collets ou plus et les exploitent comme une ligne de trappage. On les utilise seulement quand il fait froid pour que la viande se conserve bien. Un mâle fort réussit parfois à casser le collet. »

    — Douglas Leechman, 1954


  2. « On n’utilisait rien d’autre qu’un arc et des flèches, et des collets… en hiver, on faisait des clôtures avec des arbres, des broussailles, des choses comme ça, puis on tendait beaucoup de collets… [On dirigeait] de nombreux caribous vers ces collets…

    Des collets en babiche, c’est tout ce qu’on utilisait. Je pense qu’une peau de caribou donnait un collet… on les tordait et les retordait, peut-être six, sept, huit. Puis, on les tordait encore plus, les attachait à un poteau et les tendait.

    Parfois [les caribous s’étranglaient dans les collets]. Quand ils passaient de l’autre côté de la clôture, les caribous étaient vivants. On avait de longues lances, des lances en os, au bout d’un long bâton. On leur donnait un coup quelque part ici, et c’est ainsi qu’on les tuait dans les collets. Puis, on les lançait par-dessus la clôture… On les lançait par-dessus la clôture tout de suite et on remettait les collets en place au cas où d’autres arriveraient… »

    — Moses Tizya, Aîné vuntut gwitchin, 1977

    (Vuntut Gwitchin First Nation Collection VG2001-04-06:31-283)


  3. « [Un] corral était construit principalement par une famille, qui… l’entretenait. Le chef de la famille, le “capitaine du corral”, était appelé Dinjii chit, soit le patron du camp…

    Quand on planifiait une chasse, on demandait à de jeunes hommes… de diriger les caribous. Ils ne devaient pas paniquer le troupeau ni y semer le désordre, mais plutôt le diriger avec régularité, graduellement, sans l’alarmer.

    … Ils étaient connus pour leur habileté à diriger les animaux. Puisqu’on faisait cela pour survivre… C’était il y a longtemps, et les gens croyaient au pouvoir des forces surnaturelles. C’est ainsi qu’ils travaillaient ensemble. Donc, il fallait choisir de bonnes personnes…

    Il y avait toujours un chef. Tous ces corrals – celui de la rivière Rat, celui de La Pierre House, ceux de la rivière Driftwood et de la rivière Cache Creek – ils avaient tous un nom. Ils portaient le nom de leur capitaine…

    Au printemps, même avant que la neige commence à fondre, le capitaine établissait un camp près du corral et commençait à travailler là-dessus. S’il avait une grande famille, elle restait avec lui. Puis, ses fils ou ses gendres, par exemple, l’aidaient à réparer le corral. Les réparations prenaient beaucoup de temps parce qu’il fallait tout tasser à la main. Une fois réparé, le corral était prêt pour l’arrivée des caribous…

    Ils demandaient à d’autres personnes de les aider à diriger, à tuer et à dépecer les caribous.

    [Question : Quand on partageait les caribous, est-ce que ces personnes (la famille du chef) en recevaient le plus?]

    Non – bien, c’était au capitaine de décider. Si on tuait cent caribous, avec dix familles, il savait – j’imagine qu’il les partageait selon la taille de la famille. À cette époque de l’année, tous les caribous qu’ils obtenaient servaient à la confection de vêtements d’hiver. De vêtements et d’une tente aussi. Je ne pense pas qu’un homme ayant une petite famille recevait autant qu’un homme qui en avait une grande. Bien, c’était toujours le capitaine qui savait quoi faire. »

    Jim Edward Sittichinli, Aîné ehdiitat gwich’in, 1966

    (Docs Ethno, E2006.7 B795, f.16, Archives du MCC)


  4. « J’ai eu à poser des collets à caribou. Une fois, je me suis trouvé sans fusil (ni munitions), mais il y avait beaucoup de caribous dans les environs. J’ai posé des collets au pied des berges échancrées de la rivière que les caribous descendaient… et j’en ai pris quatre. Les collets sont fabriqués avec des lanières de babiche provenant de caribous fraîchement abattus que l’on tord autour d’un morceau de babiche. Pour rendre le collet plus long, on le [tend entre deux objets] et on y appuie un billot lourd.

    Les lapins ignorent l’odeur des humains sur les collets, mais les originaux et les caribous y font attention. Pour enlever l’odeur, on prenait des brindilles chaudes noircies par le feu et on les frottait sur la babiche.

    Quand un caribou est pris dans un collet, les autres font demi-tour et s’enfuient. Donc, habituellement, on n’en prend qu’un à la fois avec des collets. »

    William Vittrekwa, Aîné teetł’it gwich’in, 1938–1939 ou 1946–1947

    (Docs Ethno, E2006.7 B795, f.21, Archives du MCC)

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