L'opéra chinois : aperçu historique

Berliner Gram-o-phone Co. Limited/Victor Talking Machine Company of Canada Ltd.
Berliner Gram-o-phone Co. Limited/Victor Talking Machine Company of Canada Ltd., Le grand poète Tai Bai est ivre maintenant (Tai Bai zui jiu), Photo © MCC, Archives, 78-6-E-00073, IMG2009-0062-0035-Dm
Columbia Records
Columbia Records, La grande fête d’anniversaire (Da he shou), Photo © MCC, Archives, 78-6-E-00153, IMG2009-0062-0029-Dm
Beka
Beka, Lettre de Li Ling à Su Wu (Li Ling da Su Wu shu), Photo © MCC, Archives, 78-6-E-00098, IMG2009-0062-0022-Dm

L'histoire de l'opéra chinois remonte au moins la période des Trois Royaumes (220-280 apr. J.-C.), époque où une forme d'opéra appelée canjun était populaire parmi le grand public. L'opéra chinois est devenu plus formalisé sous l'empereur Tang Minghuang (Li Longji), de la dynastie des Tang (618-907 apr. J.-C.), qui a régné de 712 à 756 apr. J.-C. Ce dernier a fondé la première troupe d'opéra connue en Chine – le Jardin des poiriers – et aujourd'hui, les professionnels de l'opéra sont encore appelés les « disciples du Jardin des poiriers ».

Dans la Chine moderne, beaucoup de formes d'opéra régionales s'inspirent d'une tradition qui remonte au moins jusqu'au XIIe siècle apr. J.-C., époque où l'on présentait des opéras dans les grands théâtres publics de Hangzhou, capitale de la dynastie des Song du Sud (1127-1279 apr. J.-C.). À cette époque, la forme la plus populaire était le nanxi (qui signifie « théâtre du Sud »), caractérisé par un dialogue écrit en vers pour la plupart et chanté ou parlé.

Au XIIIe siècle apr. J.-C., une forme d'opéra qui a vu le jour dans le nord du pays, appelée yuan zaju – dont les pièces comportaient normalement quatre actes – a commencé à évoluer pour devenir un style théâtral très élaboré et plus important. Le yuan zaju différait du nanxi en ce sens que le personnage principal chantait un solo comportant une seule combinaison de rimes majeure, tandis que le dialogue de tous les autres personnages était parlé. Le zaju comportait typiquement trois rôles majeurs : une femme (dan), un homme plus âgé et normalement vénérable (mo), et un jeune homme (sheng). Les rôles comiques (chou) offraient un commentaire ironique sur l'actualité. Le yuan zaju intégrait le mime, le maquillage, les costumes et les rôles – tous les éléments qui caractérisaient le nanxi, un style du Sud.

Entre-temps, le chuanqi (« contes merveilleux »), une tradition d'opéra populaire, fleurissait dans le Sud, notamment dans les provinces de Zhejiang et de Jiangsu. L'un des plus grands opéras de la Chine – L'histoire du luth, de Gao Ming – est issu de la tradition chuanqi.

Le kunqu – forme d'opéra originaire de Kunshan, près de la ville de Suzhou, dans la province de Jiangsu – a commencé à dominer l'opéra chinois au XVIe siècle. Caractérisé par un chant doux et un accompagnement musical minimal – typiquement un tambour ou une cliquette et une flûte en bambou – le kunqu a évolué pour devenir un opéra national au cours des XVIIe et XVIIIe siècles. Dans le kunqu, les dramaturges mettaient l'accent sur la prosodie et la nouveauté de l'expression, produisant des opéras de plus en plus ornés qui étaient souvent basés sur des contes populaires et la littérature classique.

L'opéra de Beijing a vu le jour à la fin du XVIIIe siècle quand les quatre grandes troupes de l'Anhui sont allées à Beijing en 1790. À l'origine, il était mis en scène uniquement pour la famille royale, mais il a fini par devenir accessible au grand public. En 1828, des acteurs célèbres de la troupe du Hubei sont allés à Beijing, et les troupes du Hubei et de l'Anhui jouaient souvent ensemble sur la même scène. Cette collaboration artistique a conduit peu à peu aux mélodies courantes de l'opéra de Beijing. Ce divertissement plaisait aux personnes de toutes les conditions sociales, depuis les hauts fonctionnaires jusqu'aux habitants des villages. Il existe des milliers d'opéras dans le style de Beijing, et leur intrigue est inspirée de la littérature et de l'histoire de la Chine.

Pendant la Révolution culturelle (1966-1976), l'opéra de Beijing et les autres arts de la scène ont souffert en Chine. Tout ce qui reflétait la société chinoise antérieure était interdit. Les célèbres huit pièces modèles ont été élaborées au cours de cette période. Ces pièces présentent les activités des communistes pendant la guerre avec le Japon et la guerre civile avec les nationalistes, ainsi que la lutte des classes qui a suivi la fondation de la République populaire de Chine. Bien que la lutte des classes soit le thème de la plupart de ces pièces, quelques nouvelles formes de jeu ont également été introduites. Beaucoup de gens qui ont grandi pendant la Révolution culturelle préfèrent encore la musique et le chant des huit pièces modèles. Les représentations d'opéra de Beijing traditionnel n'ont repris qu'en 1978.

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