Artéfactualité, saison 2, episode 7.
Kim Thúy: Dans cet épisode d’Artefactualité… une découverte fortuite, un cimetière oublié et une enquête sur les personnes qui y ont été enterrées. Vous écoutez Artefactualité, une série de balados du Musée canadien de l’histoire. Je m’appelle Kim Thúy. Ensemble, nous allons explorer ce que les objets et les récits du passé peuvent nous apprendre sur qui nous sommes aujourd’hui. Qu’est ce qui trouvera encore écho demain? Comment conservera-t-on le souvenir des événements qui se déroulent autour de nous?
Kim Thúy: Le Parlement est juste là.
Janet Young: Le Parlement est juste là. Mais à l’époque, il y avait Barrack Hill.
Kim Thúy: Je me trouve à l’angle des rues Sparks et Metcalfe, dans le centre-ville d’Ottawa. Je suis en compagnie de Janet Young, du Musée canadien de l’histoire. Elle est experte dans l’étude des restes humains. Lorsque Janet examine un squelette et des dents, elle peut nous aider à comprendre quel genre de vie cette personne a vécu et comment elle est morte.
Janet Young: Je peux dire quel âge avait une personne, si c’était un homme ou une femme, si elle a été malade quand elle était enfant ou si elle a été malade à l’âge adulte. Je peux à peu près déterminer que le cimetière était destiné aux personnes ayant un faible statut socio-économique, qui n’avaient donc pas beaucoup d’argent. C’est ce que je pense. La raison de leur présence dans un cimetière public. Je peux déterminer tout ça avec les restes.
Kim Thúy: Rien qu’à partir des os.
Janet Young: Des os et des dents.
Kim Thúy: Nous sommes dans une rue animée. Autour de nous, il y a des cafés, des boutiques et des immeubles de bureaux. Mais il y a près de 200 ans, c’est ici que se trouvait le cimetière de Barrack Hill. Ottawa se trouve sur des terres traditionnelles du peuple algonquin Anishinabé. Les premiers colons venus d’Europe sont arrivés ici dans les années 1600 et ont commencé à construire des colonies au début des années 1800. Les autorités coloniales ont encouragé la migration. Les colons sont venus pour construire et revendiquer la terre. Barrack Hill a été le premier cimetière de ces colons, dont la plupart provenaient sans doute de la classe ouvrière. Ils sont venus souvent avec leur famille pour aider à la construction du canal Rideau. Nombre de ces personnes sont mortes des suites d’épidémies de choléra, de malaria et de variole.
Janet Young: C’était le premier cimetière pour la population, car à l’époque de la construction du canal, il y avait un énorme flux de personnes qui immigraient dans la région pour travailler sur les travaux du canal. Ainsi, des personnes venant d’Europe et des États-Unis qui ne possédaient pas de terres, qui louaient et logeait dans les environs, sont arrivés dans la région. Or, lorsque les gens mouraient, il n’y avait pas d’endroit pour les enterrer. Nous ne savons donc pas exactement quand, mais nous pensons que le cimetière a été ouvert vers le printemps 1828.
Kim Thúy: Le cimetière de Barrack Hill a été construit sur un terrain de deux acres, mais il n’est pas resté ouvert très longtemps. Au milieu du XIXᵉ siècle, ces terres, alors appelées Bytown, étaient une colonie en plein essor. Avec l’arrivée de plus en plus de personnes, la demande de terrains s’est accrue, obligeant le cimetière à fermer ses portes.
Janet Young: Nous avons des preuves que des personnes ont été déplacées lors de la fermeture du cimetière et nous supposons qu’il s’agissait d’une initiative de gens qui avaient les moyens et qui pouvaient physiquement déplacer ces personnes. On trouve des documents indiquant qu’au fil des ans, quand les bâtiments ont commencé à être construits, on a retrouvé des restes en 1850 et en 1851, des gens démunis ont demandé à la ville de bien vouloir retirer des personnes de leurs familles du cimetière, de les déplacer, car elles étaient vulnérables.
Kim Thúy: Bytown continuant à se développer, des bâtiments ont été construits à l’endroit où se trouvait le cimetière.
Kim Thúy: Alors, toutes les personnes qui achetaient des terrains devaient s’occuper elles-mêmes des dépouilles, des corps?
Janet Young: Elles ne s’en occupaient pas. Toutes les personnes qui achetaient des terrains construisaient simplement au dessus du sol. Elles ne creusaient pas. En fait, il y avait une école à l’angle de la rue Sparks et de la rue Elgin. Les enfants avaient l’habitude de jouer dans la cour, utilisant des crânes qui sortaient du sol pour en faire des balles. Les gens commençaient donc à construire sur ces terres sans vraiment y prêter attention. Je pense que notre sensibilité est différente aujourd’hui. À l’époque, on ne ressentait pas le besoin d’entreprendre quoi que ce soit pour déplacer ces gens.
Kim Thúy: Comment avons-nous pu oublier qu’il y avait un cimetière ici? Comment avons-nous pu construire par dessus?
Janet Young: Dans les années 1800, les gens se déplaçaient beaucoup. Ils allaient où était le travail. Une grande partie de la population était donc en transit. Ce n’est pas comme aujourd’hui où on habite à un endroit stable. C’était un environnement changeant et je pense que ce qui s’est passé, c’est que beaucoup de gens allaient et venaient au fur et à mesure que la ville se construisait. Les personnes qui pouvaient se permettre de déplacer les corps le faisaient. D’autres personnes, dont la famille avait peut être déjà déménagé, n’ont jamais été déplacées. Je suis étonnée de voir tout ce que les gens oublient en vingt ans. Ce que je veux dire par là, c’est que je suis stupéfaite de parler à des gens et de constater qu’ils n’ont aucun souvenir de certaines choses. Et je me demande comment ils peuvent ne pas être au courant. C’est pourtant ce qui se passe. Les gens arrivent et vivent leur vie, puis on oublie ce qui s’est passé. À tel point qu’à la fin des années 1800, soit une vingtaine d’années après la fermeture du cimetière, des gens trouvaient des restes et se demandaient alors pourquoi. La présence du cimetière a été oubliée. Elle a été effacée de la mémoire collective.
Kim Thúy: Avance rapide. Nous voici en 2013. Du personnel de construction commence à creuser dans la rue Queen pour construire le nouveau système de transport en commun par train léger d’Ottawa. Et vous l’aurez deviné, des restes humains sont découverts. Janet était là lorsque les archéologues ont occupé le site.
Janet Young: Dès que des restes sont trouvés, ça devient une affaire de police. Il faut donc passer par le bureau de médecine légale. C’est donc un processus très long que d’exhumer des restes. C’est à cette époque que j’ai commencé à travailler avec la police. J’ai appelé une personne que je connaissais à l’unité d’identification et je lui ai dit qu’il s’agissait en fait d’un cimetière, d’un cimetière de colons. C’est ainsi que j’ai commencé à participer au projet. Les restes ont été découverts en 2013. Il faut toutefois un accord avec le gouvernement de l’Ontario pour creuser ou enlever un cimetière sur le territoire de la province. Il a donc fallu remplir de nombreux documents avant que les fouilles puissent éventuellement commencer en 2014. Lorsque nous avons creusé le côté sud de la rue Queen, nous avons installé des clôtures autour de nous et nous avons mis en place des écrans pour que les gens ne puissent pas nous voir. Nous étions donc en dessous du niveau du trottoir. Mais la vie urbaine se poursuivait autour de nous, de sorte que nous pouvions voir et entendre les gens marcher sur le trottoir pendant que tout juste en dessous de nous, nous faisions des fouilles sur des personnes décédées au milieu du début des années 1800. Des personnes qui ont construit cette ville, nous les exhumions alors que les gens d’aujourd’hui ne faisaient qu’aller et venir sur le trottoir. C’est vraiment très frappant de voir l’ancien et le nouveau et de constater que les gens ne se rendent pas compte de l’histoire dans laquelle ils évoluent au quotidien.
Kim Thúy: À ce moment là, au milieu de l’agitation d’une ville moderne, je pense aux personnes qui sont probablement encore enterrées sous l’endroit où nous nous trouvons. Au fil des ans, certaines de leurs dépouilles ont été soigneusement déplacées, mais d’autres n’ont pas été traitées avec autant de soin.
Janet Young: Souvent, lors de la mise en place des infrastructures de la ville et quand on tombait sur des tombes, on ramassait les ossements, puis on creusait un autre trou pour les y déposer. Il s’agit donc de sépultures secondaires. Nous en avons trouvé un grand nombre sur le site, mais ce sont de petites poches. Je pense qu’il en existe encore sur la rue Queen qui n’ont pas été dérangées.
Kim Thúy: Vous avez utilisé le mot « déranger ». Devrions-nous sortir les corps ou devrions-nous les laisser là sans les déranger?
Janet Young: Honnêtement, je pense que lorsqu’on les trouve, il faut les déplacer, parce que beaucoup de restes sont écrasés par les voitures qui passent dessus. Le 62 rue Sparks était un parc de stationnement avec des véhicules garés dessus. Je pense donc que lorsque des restes sont retrouvés, on devrait les déplacer. Ce qui est vraiment bien, c’est qu’au cimetière Beechwood, notre cimetière national, un espace a été créé pour le cimetière de Barrack Hill. Ainsi, lorsque des restes sont trouvés, ils peuvent y être inhumés de nouveau après avoir pu les étudier. C’est un bel endroit, calme et agréable. Je pense que c’est plus respectueux que de les laisser sous la rue. Et c’est ici que se trouvait le cœur du cimetière. Juste là.
Kim Thúy: Donc là, on marche à travers le cimetière. Oh pardon.
Janet Young: Je pense que c’est une bonne chose de reconnaître que ces gens étaient là.
Kim Thúy: Oui, tout à fait. Et merci d’avoir construit le canal pour nous, d’avoir construit la ville. À cette époque, il n’y avait pas de ville ici.
Janet Young: Il n’y avait rien dans les années 1800. Quand les gens ont commencé à affluer en 1827 pour construire le canal, il n’y avait rien.
Kim Thúy: Janet et moi revenons dans la tranquillité relative du musée où elle sort de petits morceaux d’écorce excavés du site.
Janet Young: Ce que je vous montre, c’est l’écorce qui est restée de cercueil et il y en a beaucoup sur le site.
Kim Thúy: Dans les années 1800, Bytown était une ville d’exploitation forestière. Lorsqu’on équarrissait les troncs, on jetait l’aubier et l’écorce.
Janet Young: Ces gens étaient si pauvres qu’ils prenaient les restes de bois équarri pour en faire des cercueils. Ils mettaient l’écorce à l’intérieur. On ne pouvait donc pas voir que l’écorce était encore là et que le bord vivant était encore là, sur le bois. On construisait ces cercueils pour ces gens en utilisant le bois le moins cher possible. Vous pouvez donc voir les vestiges si vous le retournez. Il y a des restes d’aubier en dessous et de l’écorce. Si vous le retournez encore, vous pouvez voir une partie de la terre qui est là depuis l’enterrement.
Kim Thúy: C’est très émouvant en fait de penser aux difficultés et à la façon dont, d’une certaine manière, le bois a été recyclé. On ne l’a pas gaspillé à cette époque.
Janet Young: Oui, ça devait être le haut et l’écorce était à l’intérieur, de sorte que personne ne pouvait s’en rendre compte. C’est comme mon mari, il ne veut pas que je ramène des choses à étudier à la maison. Tout doit rester ici.
Kim Thúy: Vous avez dit que le cimetière dans cette zone était en fait pour la classe ouvrière, la population la plus pauvre de la ville.
Janet Young: En fait, il était destiné à tous les colons de la région. Mais les restes avec lesquels j’ai travaillé étaient pour la plupart ceux de gens qui appartenaient à la classe socio-économique inférieure. Je pense donc que la plupart des personnes enterrées dans cet espace faisaient partie de la classe ouvrière.
Kim Thúy: Comment pouvez-vous le savoir?
Janet Young: Je peux le savoir grâce au changement de leur squelette. Votre squelette change selon la façon dont vous l’utilisez. Plus vous utilisez vos muscles, plus vous faites quelque chose et plus cela se voit sur le squelette. On peut donc observer votre état de santé et vos maladies au fil du temps. Vos dents sont un marqueur de votre enfance et vos os sont un marqueur de votre vie d’adulte. Par conséquent, s’il y a des changements dans vos dents liés à une mauvaise santé ou à une mauvaise alimentation, c’est quelque chose qui vous accompagne jusqu’à la mort, tant que vous gardez vos dents. Je peux donc examiner les restes de ces personnes et dire qu’elles ont beaucoup souffert et qu’elles ont travaillé dur pour gagner leur vie, ce qui se voit sur elles.
Kim Thúy: Comment pouvez-vous voir tout ça avec les os? Je pensais que les os restaient tels qu’ils étaient.
Janet Young: C’est très intéressant. Votre corps est une structure dont les os sont le cadre. Ensuite, les muscles, les ligaments et les tendons font bouger cette structure. Ainsi, plus vous tirez sur certains tendons ou certains muscles, encore et encore, plus l’os se déplace vers cette zone. Ces zones se développent donc. Ainsi, si vous vous accroupissez et que le bas de l’un de vos os n’a pas assez d’espace pour que l’os atteigne cette position, il se créera une nouvelle ligne ou un nouvel espace pour que vous puissiez le faire. Je dois donc rassembler tous ces petits détails pour écrire une biographie de ces personnes. Et c’est vraiment ce que j’ai fait pour la plupart des individus qui étaient sur le site. J’ai pu identifier ce que je pense être un des travailleurs du moulin en me basant sur son squelette et rien d’autre. J’ai vraiment pu décomposer ce qu’il faisait et essayer de comprendre comment il utilisait son squelette et extrapoler à partir de là. C’est vraiment génial! Oui bon, je ne suis pas tout à fait objective, mais c’est vraiment génial. C’est comme si on entrait et qu’on lisait les squelettes de ces gens.
Kim Thúy: Vous êtes une sorte de détective.
Janet Young: C’est presque comme un travail de détective. Même si l’anatomie vous donne des informations, vous essayez de tirer parti d’autres éléments. J’ai envoyé des restes pour des tests ADN afin de déterminer les populations de la région à l’époque. Alors même si je peux examiner les restes, il faut beaucoup de recherches pour arriver à comprendre ce qu’ils disent.
Kim Thúy: La technologie est donc d’une grande aide.
Janet Young: La technologie fournit des pièces du casse-tête. En fin de compte, il s’agit simplement de travailler sur les différentes pièces du casse-tête et de se demander comment elles s’emboîtent les unes dans les autres. Qu’est-ce que cela va nous apprendre?
Kim Thúy: Relier les points.
Janet Young: Tout à fait. Relier les points.
Kim Thúy: Que se passera-t-il dans les années à venir, lorsque la zone se développera davantage et qu’il sera possible de découvrir d’autres vestiges? Janet précise qu’une équipe d’archéologues sera sur place pour surveiller les travaux de construction.
Kim Thúy: Est ce qu’il y a une découverte qui vous a vraiment, vous savez, marquée? Probablement la première sur laquelle vous avez posé les yeux?
Janet Young: Toutes ont été évidemment très intéressantes. Celle qui m’a le plus marqué sur le plan émotionnel, c’est la découverte d’un bébé. Comme la saison était très humide et qu’il fallait essayer d’excaver cet individu sur le site, nous avons pris la terre qui se trouvait à l’intérieur et autour de lui. Nous l’avons mise dans une boîte et nous l’avons ramenée au musée où elle a pu être séchée. Ensuite, j’ai lentement dégagé l’enfant, et sous son cercueil, j’ai trouvé un tas de petites graines, ce qui était très étrange; ce n’est pas quelque chose que l’on voit habituellement. J’ai donc envoyé les graines à Agriculture Canada pour qu’elles soient analysées. Elles ont été identifiées comme étant des graines de cerises de Pennsylvanie. Cela nous a permis de conclure ce qui était arrivé. Le bébé a perdu la vie à un très jeune âge, autour d’un mois. Au moment de l’enterrement, les parents ont placé un lit de branches de cerisier sous l’enfant. Le cerisier de Pennsylvanie produit un fruit rouge très foncé. Les feuilles ressemblent à celles du gui. Les feuilles sont vertes et les baies sont rouges. Cela aurait donc fait un petit lit extraordinaire pour le petit cercueil. Si une émotion pouvait traverser le temps, ces petites graines étaient la représentation d’une émotion. Pour moi, cela a été l’une des découvertes les plus marquantes. Je ne sais pas si nous l’aurions trouvé, si nous n’avions pas retiré l’enfant de son lieu de repos, mais comme nous l’avons fait et que nous avons tout laissé sécher, nous avons pu faire des fouilles dans un environnement contrôlé. Et vous pouvez voir que le bébé était très aimé au moment de son décès.
Kim Thúy: Maintenant, c’est moi qui suis émue.
Janet Young: Ouf! Désolée.
Kim Thúy: Les restes ont donc fini par être enterrés une nouvelle fois ou inhumé de nouveau dans un autre cimetière à Ottawa. Mais vous avez pu conserver de petits échantillons pour les analyser, n’est-ce pas? Votre travail se poursuit donc aujourd’hui, plus de dix ans après la découverte des restes. Jusqu’où vos analyses peuvent-elles vous mener? Y a-t-il encore des choses à découvrir?
Janet Young: Il y a toujours plus à découvrir. Et ce qui est intéressant, c’est que même si j’envoie des échantillons pour qu’ils soient testés, la technologie évolue constamment. Ainsi, les analyses ADN que je pouvais faire il y a dix ans ne donnent pas les mêmes résultats qu’aujourd’hui. Il est possible de tirer vraiment plus d’informations des échantillons que j’envoie aujourd’hui qu’à l’époque. J’essaie donc de tirer parti de ces nouvelles technologies. Dans un cas, j’ai identifié deux enfants qui pourraient avoir un lien de parenté. L’analyse ADN a été faite il y a de nombreuses années. Aujourd’hui, je demande aux analystes d’aller plus loin et de vérifier si ces deux personnes sont bien un frère et une sœur. Il s’agit donc de compléter les informations en fonction de l’évolution de la technologie et au fur et à mesure qu’elles se présentent. Et comme j’ai été autorisée à conserver des échantillons que j’ai pu envoyer pour ces tests, nous comprenons de mieux en mieux la situation de ces personnes.
Kim Thúy: Et pourquoi pensez-vous qu’il est important pour nous de comprendre ce qui s’est passé dans les années 1800?
Janet Young: Pour moi, ce n’est pas seulement une date dans l’histoire, c’est le fait que ces personnes ont travaillé fort pour vivre à cette époque. Les gens doivent comprendre aujourd’hui que chaque vie individuelle est déterminante pour quelque chose. Ils ne savent pas ce qu’il en sera dans cent ans. Pour moi, il est donc important de raconter ces histoires et de veiller à ce que ces personnes soient reconnues pour avoir créé quelque chose dont nous avons hérité.
Kim Thúy: Absolument. Que chaque individu a contribué à la construction de notre pays et que nous reconnaissions autant que possible cette contribution à mon avis. Parce que la société est composée d’un grand nombre d’entre nous, n’est ce pas? Tout le monde, en fait, pas seulement des gens dont nous entendons parler ou qui font l’objet d’un article. Et je pense que ces restes nous racontent tout ce que ces personnes ont dû sacrifier : leur vie, même, dans certains cas, afin de construire cette ville.
Janet Young: Il s’agit de gens dont les livres d’histoire ne parlent pas.
Kim Thúy: Janet Young est conservatrice, spécialisée en anthropologie physique au Musée canadien de l’histoire. Il est étonnant de voir comment les outils et la technologie de la médecine légale révèlent des histoires très humaines et très émouvantes sur la façon dont les gens ont vécu, sont morts et ont été pleurés.
Kim Thúy: Merci d’avoir écouté cet épisode d’Artefactualité, une série de balados du Musée canadien de l’histoire. Je suis Kim Thúy. Artefactualité est produit par Antica Productions. Ann Lang est la productrice. Soobin Kim est recherchiste. Laura Regher et Stuart Coxe sont chefs de production chez Antica. Le mixage et la conception sonore sont assurés par Alain Derbez. Jenny Ellison, Robyn Jeffrey et Steve McCollough du Musée canadien de l’histoire sont les chefs de production de cette série de balados. Visitez « musée de l’histoire point ca » pour découvrir les autres histoires, articles et expositions du Musée. Pour plus d’informations concernant le cimetière de Barrack Hill, consultez les liens dans les notes du balado. Version française par Power of Babel. Janet Young est interprétée par Nathalie Fortin. Traduction et adaptation par Caroll Cafardy. Ingénieur de son : Olivier Couture. Mixage par David Moreau. La chef de projet est Chantale Renée. Supervision par Eric Geringas.