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Les premières expériences concluantes dans le domaine de la télévision remontent aux années 1920. Il faudra cependant attendre jusqu'au début des années 1950 pour que cette invention prenne véritablement son envol. Au Canada, c'est le 6 septembre 1952 que la CBC est entrée en service, bien que des centaines de milliers de foyers canadiens, situés le long de la frontière à portée des signaux des stations de télévision américaines, avaient déjà la télévision. L'entrée en ondes de la CBC n'augurait rien de bon : la mire d'essai vacillante représentant une tête d'Indien entourée de formes géométriques apparut tout d'abord sens dessus dessous. Puis un communiqué-éclair montra la photo de deux hommes qui venaient de dévaliser une banque. Débuta ensuite une émission de marionnettes, Uncle Chichimus . Et enfin apparurent les premières images d'une personne en chair et en os : le météorologue Percy Salzman informant les téléspectateurs du temps qu'il ferait. En 1952, il n'y avait des stations de télévision qu'à Toronto et à Montréal. L'année suivante, d'autres stations entraient en ondes à Ottawa et à Vancouver. L'année 1954 fut celle de l'entrée en service de la station de Radio-Canada entièrement en français à Montréal et de l'ouverture de stations de la CBC à Winnipeg et à Halifax. Entre-temps, quinze stations privées avaient vu le jour, et celles-ci devaient retransmettre un minimum de dix heures et demie par semaine d'émissions de la télévision nationale. En fait, la télévision se répandit bien plus rapidement qu'on ne l'avait prévu : dès 1954, il s'était vendu un million de téléviseurs au Canada. Au début, les gens imaginaient la télévision comme un appareil radio avec des images. Toutefois, on se rendit vite compte que la télévision comportait certains inconvénients insoupçonnés. Tout d'abord, il était difficile pour les membres de la famille de s'en détacher. Et puis il y avait toujours ces visiteurs qui arrivaient à l'improviste parce qu'ils n'avaient pas encore la télévision. Mais surtout, il n'y avait pas de véritable programmation pour tous ces enfants devenus, du jour au lendemain, des mordus de télévision. Avant la fin des années 1950, la télévision a révolutionné le mode de vie des Canadiens. La disposition du mobilier du salon devait désormais tenir compte du téléviseur; on vit apparaître la table-plateau pour le téléviseur, puis le TV-dinner, et un grand nombre d'activités et de corvées familiales traditionnelles disparurent ou s'amenuisèrent au profit de la télévision. La vie familiale, les habitudes alimentaires, l'aménagement intérieur, l'humour populaire et la politique sont autant de facettes de la vie quotidienne qui furent transformées par l'arrivée de la télévision. La télévision entraîna également une certaine effervescence dans les domaines de la culture et de l'éducation au Canada. Dans les premières années, l'approche canadienne de la télévision était assez différente des formules américaines. La programmation canadienne était plus sérieuse, plus intellectuelle : on y présentait des pièces de Shakespeare, des discussions sur la littérature canadienne, des séries scientifiques, des débats d'affaires publiques ainsi que des émissions de musique folklorique. La plupart de ces émissions ne soulevaient cependant pas grand intérêt parmi le public canadien qui était avant tout attiré par la télévision américaine. La diffusion d'émissions américaines sur les réseaux canadiens fut malgré tout prohibée jusqu'au début de 1953. Lorsque Radio-Canada tenta d'imiter les émissions américaines à succès, les résultats furent désastreux. Par contre, en faisant preuve d'originalité, la société d'État enregistra souvent des cotes d'écoute encourageantes. Les Canadiens excellaient dans la production de documentaires et d'émissions d'actualité, d'émissions musicales comme Don Messer' Jubilee et Holiday Ranch, d'émissions sportives comme La Soirée du hockey, et de téléséries populaires comme La famille Plouffe. En 1958, avec l'achèvement d'un réseau hertzien transcontinental, Radio-Canada devenait un véritable réseau de télévision national. En outre, l'installation de machines vidéo permit de surmonter le problème du décalage des fuseaux horaires pour la diffusion des émissions, reliant ainsi toutes les régions du pays de façon plus étroite encore que le chemin de fer ne l'avait fait à une autre époque. Depuis les années 1950, la télévision canadienne a connu une expansion formidable. Cette croissance a été en partie activée par la création en 1967 de la Société de développement de l'industrie cinématographique canadienne (l'actuel Téléfilm Canada) et la mise sur pied du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) en 1968. Le soutien financier de Téléfilm Canada a permis la réalisation de plusieurs productions exceptionnelles à contenu canadien, telle la série de renommée internationale Anne... la maison aux pignons verts. Organisme de supervision et de réglementation des ondes, le CRTC, quant à lui, s'assure que les Canadiens aient accès à un coût raisonnable à une programmation canadienne et internationale de qualité. Ces facteurs ainsi que l'accessibilité géographique à la télévision américaine ont fait que les Canadiens figurent parmi les plus grands consommateurs de télévision au monde. La câblodistribution atteint aujourd'hui 78 p. 100 des foyers du Canada, dépassé à cet égard seulement par la Belgique, un pays minuscule comptant une population trois fois moindre et dont le territoire ne représente que 0,3 p. 100 celui du Canada!