Douglas Cardinal

est un architecte autochtone influent qui a conçu des édifices remarquables, notamment le Musée canadien de l’histoire.

Racines anishinabeg

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Douglas Cardinal parle des racines anishinabeg de son père et de leur influence sur sa vie.

Douglas Cardinal: Mon père était anishinabé. Sa mère venait de la réserve des Pieds-Noirs. Il vivait de la terre en tant que… trappeur et chasseur, puis il est devenu garde forestier. Il voulait vraiment être… tout à fait indépendant et il n'avait vraiment rien à voir avec la communauté de la réserve, il vivait dans une totale indépendance. Et... je crois qu'il était très proche de sa mère, et qu'il savait tout de l'environnement. Je crois que sa grand-mère l'a très bien éduqué. C'était une membre très influente de la Nation des Pieds-Noirs, de la réserve des Gens-du-Sang.

Instruit par l’Église catholique

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Douglas Cardinal explique que sa mère souhaitait qu’il reçoive une bonne instruction, en particulier...

Douglas Cardinal: Alors, ils voulaient que nous recevions une excellente éducation. Ils insistaient là-dessus. Si bien que... Mais ma mère, qui était très catholique, a voulu que je bénéficie d’une formation artistique dans un pensionnat autochtone. On peut donc dire que j’ai été élevé dans un couvent avec mes deux frères. Elle ne voulait pas qu'on soit victimes du racisme de la culture dominante. Alors, elle a voulu que je reçoive une formation artistique. Elle me voyait toujours devenir architecte. J'ai étudié la musique au conservatoire, à Toronto. J'ai reçu une formation artistique. Pour un petit garçon des Prairies, j’ai appris toutes les formes d'art, toute la culture que l'Église pouvait m'offrir à cette époque. Alors, l'Église, même si cette expérience a été très douloureuse, a jeté les bases de mon éducation.

Une éducation « convenable »

1 min 27 s

Douglas Cardinal donne des détails sur le souhait de ses parents, qui voulaient pour lui une éducati...

Douglas Cardinal: Quand j'ai décidé d'aller à l'université... mes parents ont travaillé très fort pour que nous ayons tous une bonne éducation, parce que... c'est ce que souhaitait ma mère. Naturellement, mon père le souhaitait aussi, il voulait que… Et il nous a encouragé à ne pas nous... préoccuper de l'attitude des Canadiens qui étaient très racistes à l’endroit des Premières Nations ou envers tous les citoyens d'origine autochtone, plus particulièrement personnes qui étaient métissés Nous étions victimes de beaucoup de racisme. Alors, ils se sont dit qu’en ayant une éducation adéquate, je pourrais décider de mon destin, ne pas subir celui que m’imposerait un pays qui se pratiquait à la ségrégation et au génocide des Premières Nations.

La culture influence la conception de . . .

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Douglas Cardinal affirme que l’étude de l’anthropologie culturelle dans le cadre de son diplôme en a...

Douglas Cardinal: J'ai étudié l'anthropologie culturelle. Je me disais: “Comment peut-on concevoir un bâtiment sans comprendre les besoins des gens et des différentes cultures?” Le problème, d'après moi, était la méconnaissance des autres cultures. J'ai vu que la culture dominante se méprenait totalement sur la culture autochtone, qu'elle n'y connaissait rien. Si elle l'avait connue, elle l'aurait certainement imitée au lieu d’essayer de la bannir, car c’était une très belle culture. Elle reposait sur l'amour, la bienveillance, le partage. Le pouvoir et le contrôle n’en faisaient pas partie. Elle n'était pas hiérarchique, avec quelqu’un de noble au sommet et tous les autres, des moutons. Tout le monde était noble : les hommes, les femmes, les enfants. Chacun avait droit au respect. Ainsi, ils se gouvernaient en cercle, sans hiérarchie.

Le pardon par la conception d’une église

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Douglas Cardinal parle de la conception de l’église catholique St. Mary’s, à Red Deer (Alberta), et ...

Douglas Cardinal: Je me suis dit que l'occasion était trop belle. Je refoulais encore une grande colère au sujet du pensionnat autochtone, et ça ne m'aidait pas du tout. J'ai eu la chance de faire pour l’Église un acte d'amour et de bienveillance par ma conception de l'Église. Je me suis dit: “C'est comme ça qu’on fait les choses.” On les fait. On doit... à notre façon anishinabée, on doit ouvrir son cœur. Et la seule façon... quand on est blessé, la seule façon d'ouvrir son cœur, c'est de pardonner. Toujours ouvrir son cœur et lui obéir dans nos rapports avec les autres. J’ai eu là une très belle occasion d’obéir à mon cœur.

Une vision pour l’avenir

3 min 41 s

Douglas Cardinal parle de la vision puissante qu’il a reçue après avoir rencontré, à titre de consul...

Douglas Cardinal: J'étais assis au milieu des aînés, et ils m'ont dit : “C'est à toi que revient de concrétiser notre vision.” Et je me suis dit, pendant qu'ils parlaient: “Je ne connais pas leurs langues.” Les sept langues différentes que parlaient entre eux les 52 chefs. Comment pourrais-je connaître leur vision? Et… Alors un des aînés m'a dit : “Ne t'inquiète pas... pour la vision... Tout ira bien. Reste où tu es et écoute.” Alors je suis resté, j'ai passé la journée avec eux, pendant qu'ils discutaient dans leurs langues. Et ils m'ont dit : “Ce soir, chez toi, tu auras une vision. Demain, tu reviendras ici, et tu nous la décriras”, j'ai répondu : “OK”, parce que je suis un universitaire, pas un chaman. Alors, je rentre chez moi, et je me couche. Et au beau milieu de la nuit, j'ai une vision complète, de tout ce dont ils parlaient, et je n'arrive pas à croire à l'ampleur de ce qu'ils veulent. C'était… une belle vision de l’avenir, de tout ce qu'ils apprendraient à leurs futurs enfants. Alors moi... J'ai cette vision, puis je reviens, et ils sont tous assis et m’attendent. Ils disent : “Alors?” Je réponds : “J'ai eu une vision.” “Oui, raconte.” Vous savez, et je... Ha, ha! Alors, j'ai commencé à raconter ma vision : “Nous, les peuples de la terre, dispersés dans toutes les régions, nous viendrons en territoire vierge, où nous déciderons du cours de notre destinée. Et... Nous pleurerons la disparition des troupeaux de bisons. Nous pleurerons la destruction de nos terres, de nos cours d'eau et de l'air. Nous pleurerons... Mais notre mission est encore plus grande, car nous devrons enseigner non seulement à nos enfants, mais aussi à la culture immigrante, notre amour de la terre. Nous leur apprendrons à aimer les eaux limpides des ruisseaux de montagne. Nous leur apprendrons à aimer le vent qui caresse nos fronts. Nous leur apprendrons à aimer comme nous aimons car nous sommes ici depuis des milliers d'années, et eux, depuis si peu de temps. Nous leur apprendrons à aimer, car la vie de chacun de nous en dépend.” Alors... J'abrège, mais c'était une très belle vision de contribution et d'enseignement, leur vision de l'avenir.