Changement de point de vue de Wanda Robson sur l’arrestation de sa sœur
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était militante pour les droits de la personne, éducatrice et autrice. Elle était la plus jeune sœur de Viola Desmond, pionnière des droits civils au Canada.
Wanda Robson parle de l’évolution de son point de vue sur l’arrestation de sa sœur et de la façon dont il a changé au fil du temps
Wanda Robson: Quand Viola a été arrêtée, je ne voyais et entendais que le mot "prison". Je ne pensais pas, "Qu'est-ce qui s'est passé? Pourquoi?" J’entendais juste qu'elle était en prison. Les gens disaient, "Ta sœur est en prison". Et je pensais, "Oui, oui, ne me demande pas pourquoi. Je ne veux pas en parler. Je ne veux pas en parler". Les gens comme moi ne devraient pas exister. Mais… J'étais jeune. J'imagine que c'est une piètre excuse. J'étais jeune. J'aurais dû être fière. Mais je suis très fière aujourd'hui. Dans ma jeunesse, je pensais qu'on allait en prison quand on avait fait quelque chose de mal. On sait tous maintenant qu'elle n'a rien fait de mal. C'était le système, sa couleur qui... Elle avait un code de couleur, comme on dit. Mais... aujourd'hui, je pense à ça, et je vois maintenant Viola en esprit. Elle serait si contente, si heureuse et si contente de pouvoir aller chez nos parents, leur en parler, et voir à quel point ils étaient contents. Oui, c'était vraiment la fille de nos parents, vraiment!
Wanda Robson parle de l’importance des musées en tant que gardiens de notre histoire et fait ressort...
Wanda Robson: Ils peuvent nous raconter la réalité, la réalité de Viola assise dans ces fauteuils. Je veux dire, c'est bien de lire sur une histoire. "Oh, c'est génial! Elle a fait ça." Mais quand vous venez à un endroit comme le Musée de l'histoire ou n'importe quel endroit qui possède les objets liés à ces incidents, c'est plus réel que la lecture. Vous comprenez que la vérité est là, mais ça consolide la réalité de cette histoire. Vous le voyez de vos yeux. C'est remarquable. Ce musée est remarquable. J'aimerais moi-même voir plus de choses. C'est merveilleux. Mais d'avoir ma sœur, d'avoir le fauteuil où elle s'est assise, c'est irréel. C'est réel, mais c'est irréel de penser qu'il a été gardé, préservé. Je veux dire, merci au Musée de l'histoire. Merci, merci pour ce que vous avez fait, pas seulement pour ma famille, mais aussi pour que tout le monde puisse voir ça. Je continue à le dire parce que je le vois. Et je dis merci.
Wanda Robson raconte l’histoire inspirante de son retour aux études à l’âge de 73 ans.
Wanda Robson: J'ai vu un petit article dans un journal, le Cape Breton Post disant que ce professeur, Graham Reynolds, donnait un cours sur les études afro-canadiennes, et il le donnerait à tous ceux qui le voudraient. Alors mon mari, un enseignant, a pensé : "Tu aimerais ça. Tu as toujours voulu aller au collège. Pourquoi tu n'assisterais pas au cours?" Et j'ai dit : "Je suis trop vieille". J'avais 73 ans. Et il a dit : "Non, jamais trop vieille. Appelle-le donc!" J'ai donc appelé le Pr Graham Reynolds à l'Université du Cap-Breton. Je l'ai appelé, et il a dit : "Bien sûr, venez." J'ai dit : "J'aimerais juste être auditrice libre. Je ne suis pas étudiante. J'ai 73 ans." Il a dit : "Ça ne fait rien." Alors j'ai suivi le cours. C'était en… 1999. 1999, Juste avant l'an 2000. Au deuxième, au deuxième cours, il parlait de justice, d'injustices. Puis je vois la photo de ma sœur à l'écran. J'ai dit : "Oh, c'est ma sœur!" Ça a été le début, le début de toute l’affaire. Le début de mon...Donc, vous savez, il a dit : "Je ne sais pas pourquoi vous êtes auditrice libre. Vous devriez vous inscrire." Puis Joe a dit : "Tu devrais t'inscrire comme étudiante parce que tu aimes ça." J'ai adoré mes quatre années là-bas.
Wanda Robson parle de ses efforts en vue de faire connaitre l’histoire de sa sœur Viola et de la tra...
Wanda Robson: À ce moment-là, comme le Pr Reynolds avait vu que j'avais une histoire à raconter et que je pouvais peut-être parler aux enfants à l'école de ce qui est arrivé à Viola et faire de l'éducation. Pas de l’éducation, mais en faire une histoire à laquelle on peut réfléchir, à écouter et à comprendre. Alors, c'est ce qu'on a fait. Puis j'ai volé de mes propres ailes après mon diplôme en 2004. On m'a demandé d’aller dans diverses écoles de la province, et même dans des collèges, des bureaux d'avocats, des églises, des groupes, des groupes d'enfants, des groupes d'adultes. Comme dirait mon mari, ça a été toute une aventure. Nous avons juste... Je suis encore heureuse et fière. Je suis si fière d'être apte. Je veux dire, le corps lâche, mais j'espère que l'esprit ne lâche pas. Mais je me sens si privilégiée de parler à ces jeunes et beaucoup d'entre eux font pareil maintenant, les étudiantes et les gens des collèges comprennent... les gens de l'université. Et quand je dis qu'elles devraient s'instruire, ça peut être n'importe quoi, ce qu'elles aiment. Il y a des années, on aurait dit : "Vas-tu être médecin, avocate ou autre chose?" D'accord, c'est bien. Mais regardez ce qu’on leur offre aujourd'hui. Si on veut être... Ma mère disait : "Si tu veux conduire un camion, "passe ton certificat ou quoi que ce soit, et donne le meilleur de toi-même." Mais fais ce que tu aimes, ce qui te rend heureuse. C'est ce que je dis aux jeunes.
Wanda Robson parle de son point de vue sur la prérogative royale de clémence et de ce que signifie c...
Wanda Robson: Je regardais la photo du pardon, la signature de la lieutenante-gouverneure Mayann Francis. Elle était noire. La première. Une femme formidable. Une photo d'elle assise là. J'y suis allée, à l'Hôtel-du-Gouverneur, à Halifax. Je ne savais pas vraiment qu'ils allaient signer un pardon. Je savais qu'il y aurait quelque chose concernant Viola. Puis j'ai été sur la scène et elle était là. Nous avons une photo de ça, et je pense que c'est merveilleux. Et elle signe le pardon au nom de la Reine, à la place de la Reine. La prérogative royale de clémence. Je pense que c'est ça. Et j'ai dit : "C'est pour ma sœur et sa famille, ils vont obtenir un pardon après toutes ces années?" C'est arrivé en 1947, 1946. Je ne peux pas y croire. Et... Encore, quand j'y pense, mon esprit y retourne. Elle est assise là, la lieutenante-gouverneure, Mayann Francis. Elle est assise en train de signer. Elle agit au nom de la Reine. La Reine. La prérogative royale de clémence. Et c'est un... c'est un moment qui... Bien sûr, nous avons des photos de ça. Mais, pensez-y, léguer ça à nos petits-enfants, à mes petits-enfants et à mes enfants. Ils... Ils pensent : "Maman, c'est merveilleux."