Boite à histoires

Fabriquer un cornet à orignal 

Personne ne m’a vraiment appris à fabriquer un cornet à original, mais mon père m’a dit comment mon arrière-grand-père fabriquait un cornet à orignal. J’ai essentiellement appris de moi-même, et en tant que fabriquant de canoës, je fabrique des cornets à orignal très puissants. Parce que je ne fabrique pas les cornets à orignal comme les autres. Bien des gens disent : «  C’est le cornet le plus puissant que j’e n’ai jamais vu.  »   

C’est parce que j’ai un morceau de bois ici, puis j’ai toute cette racine d’épinette qui l’enroule. Et ça ne peut pas passer à travers, à cause du morceau de bois. Ce qui est intéressant, c’est que j’utilise beaucoup de restes d’écorces de mes projets de canoës – les morceaux que je n’utilise pas. Et avec ça, je fabrique des contenants, de petites choses, mais aussi des cornets à orignal.   

J’utilise souvent de jeunes arbres. J’utilise parfois de la viorne, c’est un bois qui se plie facilement et qui ne fend pas. Nos vieilles chaises étaient souvent faites de viorne. Et ça, c’est de la racine d’épinette, de l’écorce de bouleau. L’écorce est tournée à l’envers, et comme vous le voyez, le blanc, le blanc de l’écorce est à l’intérieur.   

Certaines écorces que nous utilisons pour fabriquer des canoës s’appellent bouleau blanc. Mon père me disait toujours que la meilleure écorce était l’écorce de bouleau gris. Et je pensais : «  Je ne connais rien qui s’appelle bouleau gris.  » Mais je sais maintenant exactement ce qu’il voulait dire. On utilise le bouleau blanc pour bien des choses, mais elle a du papier à l’extérieur. Et on peut souvent arracher le papier.   

Le bouleau gris est plus foncé et il n’a pas le papier qui se détache. Et lorsqu’on travaille avec l’écorce de bouleau, lorsqu’elle est fraichement cueillie, elle se plie très facilement. Mais si elle a dix ans, elle est très, très rigide et très dure. Mais avec le temps, j’ai appris que même si elle a dix ans, on peut toujours l’utiliser, si on sait comment.  

Donc, comment plier un morceau d’écorce très rigide, raide et sec, et qui cassera si j’essaie de le plier? J’avais un beau morceau d’écorce de bouleau. Et j’avais allumé un feu dans le poêle à bois. C’était l’automne. Et j’avais un beau morceau d’écorce de bouleau sur le poêle. Et je l’ai oublié là. Et lorsque je m’en suis souvenu, de la chaleur du feu, j’ai pris le morceau d’écorce qui était sur le poêle, mais il était comme un morceau de caoutchouc.   

J’ai alors pensé : « Wow, il se plie si facilement. Je pourrais le plier complètement sur lui-même.  » C’est qu’il y a de l’huile dans l’écorce de bouleau. Il y a de l’huile dans l’écorce et lorsqu’on la chauffe, l’huile rend l’écorce de bouleau extrêmement pliable. Donc, je sais maintenant que je peux utiliser le feu, une chaufferette ou un pistolet à chaleur électrique pour chauffer l’écorce, que je peux ensuite plier. Je peux même superposer les morceaux d’écorce et ils ne casseront pas. Mais si on ne le fait pas correctement, l’écorce se fendra. J’ai donc appris au fil du temps que l’erreur commise en laissant l’écorce de bouleau sur mon poêle m’a, en fait, appris à plier l’écorce de bouleau. 

Caller (Appeler) l’orignal  

Nos ancêtres et plusieurs de nos grands-parents et arrière-grands-parents chassaient l’orignal. Alors, ils callaient (appelaient) l’orignal. Et donc, lorsqu’on chasse l’orignal, un sage chasseur ne court pas dans la forêt pour essayer d’attraper un orignal. C’est une chose très difficile à faire. Il y a une époque où les forêts de la Nouvelle-Écosse étaient très denses. Mais les orignaux pouvaient y courir et s’y cacher. Et si les chasseurs pensaient pouvoir attraper un orignal en courant après lui, il aurait plutôt faim, car on ne l’attraperait jamais.  

Disons que vous cherchez un orignal mâle. Vous voulez un orignal mâle avec un gros panache. On sortait dans la forêt. Et vous connaissez peut-être ça, mais pour attirer un mâle, on fait le son de la femelle. Alors, on fait un call (un appel). Nous sommes dans le bois et la femelle orignal fait ce cri. Et l’orignal mâle l’entend et il se dirige vers le son. Et lorsqu’il arrive, il pense voir une femelle orignal. Mais c’est le chasseur qui l’attend. Il est donc très intelligent.   

Je vais donc faire le son de la femelle orignal. Ensuite, je vais faire le son de l’orignal mâle. Donc le mâle n’a pas dit grand-chose. La femelle fait plus de bruit. Donc, ça se passe comme ça… Et ils descendent très bas. Et lorsque vous voyez un orignal caller (appeler), il baisse souvent la tête très bas, puis il monte très haut, et tourne tout autour. C’est ce que je vais faire. Donc voici le call (appel) de la femelle orignal. L’orignal mâle, lui, ne répond pas beaucoup. Il fait seulement… Comme ça. Mais le call plus long, c’est le call de la femelle orignal.   

C’est à l’automne, en octobre, qu’on ferait ce son et que l’orignal viendrait vers nous; on n’a pas besoin d’aller vers l’orignal. Avec le cornet, on peut projeter le son; le faire aller plus loin. Sinon, le son se disperse. Mais avec le cornet, on peut le diriger vers un endroit précis. Et nos ancêtres ont vite appris que s’ils faisaient un entonnoir, ils pouvaient diriger ce son dans une direction précise. Sinon, il y en a qui utilisent leurs mains et essaient de caller avec leurs mains. J’ai entendu dire qu’il y a aussi des cornets en fibre de verre. Il y a plusieurs façons de caller (appeler). Je ne sais pas pourquoi, mais le cornet à orignal en écorce de bouleau a un très beau son.