2ELGBTQIA+ Histoire et identités au Canada

Quand j’ai été libéré de mes fonctions, comme d’autres personnes homosexuelles libérées pour les mêmes raisons, on m’a dit que je n’étais pas un vétéran, que je ne pourrai jamais prétendre aux services des vétérans, et qu’il ne fallait même pas essayer. On partait avec un sentiment de honte, ne sachant pas, en quelque sorte, si nous pourrions un jour faire partie de la communauté des anciens combattants.

Lorsque Justin Trudeau est devenu Premier ministre, il a annoncé, je crois, dans une remarque auprès d’un journaliste qu’il allait présenter des excuses à Everett Klippert, qui a été incarcéré à la fin des années 1960 simplement parce qu’il était homosexuel. Alors, plusieurs personnes, par le biais d’Egale Canada et Douglas Elliott, l’avocat qui est devenu l’avocat en chef dans l’affaire de recours collectif, y ont vu une occasion en or pour demander les excuses du premier ministre. Ils ont dit : « Eh bien, s’il prévoit présenter des excuses, nous devrions lui suggérer quelques ajouts. Formulons des recommandations dans le cadre d’un rapport. »

C’est ainsi que le « Rapport sur la société juste » a rapidement été élaboré. Egale, avec qui j’avais déjà travaillé et Douglas Elliott, que je connaissais depuis plusieurs années, m’ont demandé si j’accepterais de prendre la parole lors de la présentation de ce rapport. Je me suis présenté au micro et j’ai parlé publiquement pour la première fois de mon expérience dans l’armée. C’était donc en mai 2016. En août 2016, nous n’étions pas très sûrs de la date à laquelle les excuses allaient être présentées, ni si tous les éléments de ce rapport allaient y figurer. C’est donc à ce moment-là que nous avons commencé à parler d’un recours collectif. Je sais que malgré ce recours collectif, un énorme nombre de personnes ont décidé de ne pas briser le silence, ne se sentant pas encore à l’aise de révéler qu’elles avaient été renvoyées de l’armée parce qu’elles étaient homosexuelles.

La veille des excuses, le 27 novembre 2017, nous avons organisé une réception ici à Ottawa et c’était la première fois que beaucoup d’entre nous se rencontraient. Cette rencontre avec d’autres personnes qui avaient vécu des expériences similaires au sein de l’armée a été une occasion incroyable de comprendre que nous n’étions pas seuls. De nombreuses personnes présentes ont évoqué que l’union fait la force et le soutien que cela offrait.

Ce n’est qu’après les excuses du Premier ministre et ma participation au recours collectif, que j’ai commencé à me sentir comme un vétéran. À mesure que le recours collectif avançait, nous avons mis sur pied l’organisation Vétérans Arc-En-Ciel du Canada grâce à laquelle nous pouvions nous entraider, sensibiliser et défendre nos droits. Je dois souligner que ces excuses et le règlement du recours collectif nous ont permis de nous rassembler en tant que collectivité.