2ELGBTQIA+ Histoire et identités au Canada
2ELGBTQIA+ Histoire et identités au Canada
La diversité des genres et des sexes au Canada
Le Canada est considéré comme l’un des pays les plus diversifiés au monde. Sa diversité s’exprime de multiples façons, notamment par la race, l’appartenance ethnique, la langue, la religion et les aptitudes. La population canadienne exprime également ses diverses identités par la sexualité, le sexe et l’expression du genre. Le sexe et le genre sont des notions distinctes, mais liées. Le sexe fait référence aux organes reproducteurs et aux caractéristiques physiques avec lesquels les gens sont nés, tandis que le genre englobe l’identité personnelle et sociale d’une personne en tant qu’homme, femme ou individu non-binaire ou bispirituel.
La sexualité ou l’orientation sexuelle d’une personne fait référence à son identité par rapport au(x) genres(s) vers lequel (lesquels) elle est habituellement attirée. Aujourd’hui, le gouvernement canadien se fait le champion de l’inclusion et du respect de la diversité. Il le fait dans le cadre de ses politiques nationales, mais aussi au niveau international en participant aux Nations unies et à d’autres organisations mondiales qui favorisent la sécurité internationale, le commerce, la coopération et les droits de la personne.
L’inclusion et la reconnaissance de la diversité sont le fruit de luttes politiques et sociales historiques et constantes. Avant la colonisation, la diversité sexuelle et de genre était reconnue et acceptée dans de nombreuses nations autochtones.
La bispiritualité est une identité importante à comprendre au Canada. Avant la colonisation, les nations autochtones vivaient sans les notions actuelles de binarité de genre et d’orientation sexuelle. Les genres et les sexualités varient d’une nation à l’autre; certaines comptent jusqu’à 13 genres (comme les Navajos). Historiquement, les personnes bispirituelles étaient vénérées en tant que guérisseuses, visionnaires, thérapeutes et gardiennes de leurs communautés. Les personnes bispirituelles étaient considérées comme des êtres doués qui transcendaient les frontières de l’homme et de la femme. En voyant la vie à travers les yeux de tous les genres, ces personnes étaient capables de restaurer la fluidité des genres existant dans le monde naturel. Aujourd’hui, ces gens s’efforcent de renouer avec ces rôles dans leurs communautés et de défaire l’héritage sexiste de l’imposition coloniale de la binarité de genre.
Les systèmes coloniaux et les visions religieuses ou patriarcales du monde ont apporté au Canada des perspectives qui n’acceptaient pas la diversité sexuelle et de genre. C’est la raison pour laquelle les personnes au Canada qui s’identifient comme bispirituelles, lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, queers, intersexuelles, asexuelles ou toute autre identité sexuelle et de genre (2ELGBTQIA+) sont depuis longtemps la cible de systèmes juridiques et sociaux discriminatoires. Elles étaient largement perçues comme des déviantes et faisaient l’objet de discriminations sociales et professionnelles, voire de poursuites pénales. La « purge gaie » (également connue sous le nom de purge LGBT) menée par le gouvernement fédéral à l’encontre des personnes soupçonnées d’appartenir aux communautés 2ELGBTQIA+ dans la fonction publique fédérale et l’armée, entre les années 1960 et le début des années 1990, présumait que ces dernières représentaient un risque pour la sécurité nationale. Les premiers textes législatifs gouvernementaux vantant des changements significatifs (par exemple, le projet de loi omnibus de 1969) avaient une portée limitée et ne dépénalisaient que partiellement l’homosexualité.
De nombreuses relations et rencontres sexuelles homosexuelles sont restées des infractions pénales. Les espaces sociaux populaires pour personnes homosexuelles, tels que les bains publics et les bars, ont fait l’objet de descentes de police tout au long des années 1970 et 1980. Cette persécution a contribué à encourager l’affirmation publique de la « fierté gaie ». Les évènements communautaires de célébration, tels que les premières marches des fiertés, étaient, et continuent d’être, des affirmations à la fois de la communauté et de la protestation.
La lutte pour l’égalité et l’inclusion des membres des communautés 2ELGBTQIA+ a conduit à des changements juridiques et sociaux importants ces dernières années. Les jalons constitutionnels et législatifs, tels que la Charte canadienne des droits et libertés (1982), la Loi sur le mariage civil (2005) et divers arrêts de la Cour suprême, ont été le résultat de la pression politique et juridique continue exercée par la communauté. Malgré ces progrès, de nombreuses personnes s’identifiant aux communautés 2SLGBTQIA+ au Canada continuent de viser une transformation plus significative.
En 2017, le gouvernement du premier ministre Justin Trudeau a présenté des excuses pour le rôle du gouvernement fédéral dans l’oppression systémique, la criminalisation et la violence contre les communautés 2ELGBTQIA+. Bien que les critiques aient souligné les limitations de ces excuses et de la législation qui les accompagne, bien des gens de la communauté ont considéré qu’il s’agissait d’une nouvelle étape importante dans le travail en cours vers l’égalité sociale et juridique.
Les figures de proue des communautés 2ELGBTQIA+ reflètent un large éventail d’âges et d’origines. Les jeunes ont joué un rôle important dans les efforts plus récents visant à reconnaitre les droits liés à l’expression du genre, ainsi que dans les campagnes contre l’homophobie et la transphobie. Les adultes dans l’armée et le service public ont remis en question des erreurs historiques, telles que la purge LGBT.
Ce dossier met en lumière des moments et des thèmes clés à l’aide de documents et d’objets primaires, tout en présentant les histoires de membres des communautés 2ELGBTQIA+ au Canada qui ont dû se battre pour le changement. Le dossier a été créé en collaboration avec le Centre canadien de la diversité des genres et de la sexualité (CCDGS). Nous souhaitons remercier plus particulièrement Debbie Owusu-Akyeeah, directrice générale du CCDGS, et Sammy Holmes, coordinatrice du programme d’éducation, ainsi que toutes les personnes interrogées dans le cadre de ce dossier, notamment Tom Hooper, Charlie Lowthian-Rickert et Todd Ross. Merci aussi à la réalisatrice Debbie Mishibinijima, du territoire non cédé de Wiikwemkoong, pour son aide dans la traduction de son film documentaire Niish Manidoowag (Êtres bispirituels) à partir de l’ojibwé.
Vision du Musée :
Le Musée canadien de l’histoire s’engage à faire connaitre des histoires diverses et inclusives qui reflètent le passé et le présent complexes et diversifiés du Canada. Ce dossier offre un riche éventail de sources primaires liées à l’histoire des communautés 2ELGBTQIA+ au Canada. Il incarne l’engagement du Musée à « oser inspirer l’histoire de demain », en comprenant des visions actuelles et des récits de membres des communautés sur leurs expériences, le militantisme en cours et les campagnes d’inclusion.
Avis sur le contenu :
Ce dossier comprend des discussions sur les types de relations sexuelles et d’identités de genre qui ont été historiquement criminalisés au Canada. D’autres témoignages font état d’expériences d’intimidation, de transphobie et d’homophobie, ainsi que des conséquences de la discrimination sur la santé mentale, y compris le suicide. Le Musée a mis à disposition des ressources en matière de santé mentale pour les personnes qui auraient besoin de soutien en la matière.
Sujets
Identité et appartenance
Les personnes s’identifiant aux communautés 2ELGBTQIA+ au Canada constituent une partie importante du tissu social canadien et sont représentées dans tous les aspects de la vie canadienne, de la politique au sport, en passant par l’éducation et l’armée.
Communauté et protestation : Les origines de la fierté au Canada
La Fierté est à la fois une célébration des communautés et des identités 2ELGBTQIA+, et une forme de protestation et d’affirmation.
La célébration en tant que protestation : Les origines de la Fierté
Tract de contremanifestation suite aux arrestations au Truxx en octobre 1977
Descente dans les bains publics de Toronto
Épinglette de Fierté de Carroll Holland
Occupation des lieux par Black Lives Matter Toronto
Leadership populaire
Le leadership et le militantisme peuvent prendre de nombreuses formes, sous l’impulsion d’individus qui ont favorisé la prise de conscience et provoqué le changement.
Décriminalisation
Les personnes 2ELGBTQIA+ au Canada se sont battues pour que leur identité soit décriminalisée et pour mettre fin à la discrimination légale.