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L’art de la réconciliation : témoignages de personnes survivantes des pensionnats pour Autochtones

Récit de Charles August

Vidéo

Contenu difficile
AVIS
Cette vidéo contient des descriptions détaillées des violences sexuelles que Chuck August a subies dans son enfance. On y utilise un langage explicite.

La ligne d’écoute téléphonique nationale de Résolution des questions des pensionnats indiens offre du soutien en tout temps aux personnes survivantes et à leurs proches au numéro sans frais suivant : 1-866-925-4419.

Les élèves qui ont besoin de soutien après avoir regardé cette vidéo peuvent communiquer en tout temps avec les services numériques en santé mentale de Jeunes.

Transcription

Mon nom complet est William Charles August, mais on m’appelle Chucky. Je suis d’Ahousaht, C.-B., sur la côte ouest de l’Île de Vancouver près de Tofino. Mon grand-père m’a montré à pêcher quand j’étais petit, dès que j’ai pu marcher. Plus tard, il m’a montré à chasser le phoque, le chevreuil, le canard et tout le reste. Ma grand-mère, je l’ai regardée faire à manger, conserver le poisson, cuire le pain. Tout ça s’est effondré quand ils sont venus nous chercher chez mon grand-père.

Ils nous ont d’abord amenés dans une petite pièce. Je m’en souviens encore, ils nous ont rasé la tête, ils pensaient qu’on avait des poux. C’est ce qu’ils pensaient. Ah, en parlant de nourriture. C’était horrible, ce qu’ils nous donnaient à l’école. Ils disaient que c’était ‘bon pour nous’. De la bouillie, tous les jours. De la bouillie même pas cuite.
Pour diner, ils nous servaient la même chose tous les jours, des sandwichs au Cheez Whiz. Rien d’autre. Rien. Jamais de jus, rien.

J’ai recommencé à manger des sandwichs au Cheez Whiz il n’y a pas longtemps. Quelques années, peut-être. J’ai commencé à aimer ça parce que je peux les faire moi-même. Et ces idiots-là qui nous surveillaient avaient une salle à manger juste à côté de la nôtre. Il fallait voir ce qu’ils mangeaient, des rôtis de bœuf, tout ça, juste devant nous. Et le directeur, il a eu le culot de dire à la cour qu’il s’assoyait avec nous et qu’il mangeait la même chose que nous.

Quelques nuits après notre arrivée, ce superviseur, le premier, est tout de suite descendu sur moi : baissé mon pyjama, mis sa bouche sur mon petit machin. Dès la première journée. Je l’ai vu le faire à d’autres frères. Nous étions petits, des petits garçons. Il le faisait, je l’ai vu faire. Le deuxième superviseur me faisait aussi la même chose. Pendant un an, chaque matin, il me mettait son machin dans le derrière, puis il me demandait de mettre le mien dans sa bouche. Il puait. Ça, je m’en souviens. Il puait. Il avait une chambre à coucher dans son bureau. Tous les matins il me prenait, pendant tout un an.

Ma peinture montre une île, Meares Island. C’est notre île, elle appartient aux Ahousaht. Il y a une histoire derrière ça, la mienne. C’est qui j’étais et ce que je faisais. Je me souviens du temps avant d’aller au pensionnat, je vivais très bien avec mes grands-parents. Le pensionnat ne m’a pas enlevé ça, tout ce que j’ai appris d’eux. Mais ils m’ont pris mon langage. J’aimerais pouvoir le parler encore. Je vous aurais parlé de ça dans mon langage. Je le ferais, mais je ne peux pas. La peinture c’est pour dire merci à mes grands-parents. Je dis Kleco à mes grands-parents. Je leur dis merci dans mon langage. À mes deux grands-parents.

 

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Activités

Réfléchir

Après avoir écouté le récit de cette personne survivante des pensionnats et contemplé l’œuvre d’art qu’elle a produite pendant son séjour au pensionnat, réfléchissez au changement que ce récit et cette œuvre d’art ont provoqué en vous. 

Que signifie pour vous le fait d’avoir entendu ce récit et ces vérités personnelles? 

Quels sentiments et émotions ressentez-vous? Est-ce que cela vous inspire, vous met en colère, vous choque, vous gêne, vous attriste? 

Comment ces sentiments pourraient-ils vous inciter à agir ou à envisager autrement le Canada et la réconciliation?


Faire

Pensez à un moyen de partager ce dont vous avez été témoin en prenant connaissance de l’œuvre d’art et de la vidéo de cette personne survivante. 

Parlez de ce que vous avez vu à des camarades ou à des membres de votre famille. 

Rédigez un paragraphe ou un article de journal sur ce que vous avez vu, entendu et ressenti à l’égard de ce récit. 

Créez une œuvre d’art liée à ce dont vous avez été témoin. 


Précisions

Date 2015
Origine de l’objet Québec
Matériaux
  • Film
Source / No de référence MCH 2017.111

Contexte historique

Choisissez parmi les trois niveaux suivants celui qui correspond à vos besoins.

  • Chuck August est originaire de la Première Nation des Ahousaht, en Colombie-Britannique.
  • Dans cet entretien, il décrit sa vie avec ses grands-parents, avant d’être emmené au pensionnat, et ce que ses grands-parents lui ont appris.
  • Sa peinture représente l’ile Meares, située dans sa communauté d’origine. Elle représente ce dont il a été privé lorsqu’on l’a envoyé au pensionnat.

  • Chuck August est originaire de la Première Nation des Ahousaht, en Colombie-Britannique.
  • Dans cet entretien, il décrit sa vie avec ses grands-parents, avant d’être emmené au pensionnat, et ce que ses grands-parents lui ont appris.
  • Sa peinture représente l’ile Meares, située dans sa communauté d’origine. Elle représente ce dont il a été privé lorsqu’on l’a envoyé au pensionnat.

Sommaire

  • Chuck August est originaire de la Première Nation des Ahousaht, en Colombie-Britannique.
  • Dans cet entretien, il décrit sa vie avec ses grands-parents, avant d’être emmené au pensionnat, et ce que ses grands-parents lui ont appris.
  • Sa peinture représente l’ile Meares, située dans sa communauté d’origine. Elle représente ce dont il a été privé lorsqu’on l’a envoyé au pensionnat.

Éléments essentiels

Chuck August est originaire de la Première Nation des Ahousaht, en Colombie-Britannique.

Dans cet entretien, August parle de sa vie avant d’être emmené au pensionnat pour Autochtones d’Alberni et de ses souvenirs avec ses grands-parents. Ses deux grands-parents lui ont enseigné des compétences et inculqué des connaissances culturelles importantes.

August parle également de ses expériences à l’école, tant de la nourriture infecte que des violences physiques et sexuelles qu’il a subies.

Sa peinture représente l’ile Meares, près de sa communauté d’origine. Elle symbolise pour lui sa vie avant le pensionnat; une vie, une famille, une communauté et une langue qu’il a dû laisser derrière lui pendant son séjour au pensionnat.


Description exhaustive

Chuck August est originaire de la Première Nation des Ahousaht, en Colombie-Britannique.

Dans cet entretien, August parle de sa vie avant d’être emmené au pensionnat pour Autochtones d’Alberni et de ses souvenirs de pêche avec son grand-père. Ce dernier lui a également appris à chasser le phoque, le cerf et le canard. En outre, il se souvient d’avoir vu sa grand-mère cuisiner du poisson et le mettre en conserve, et faire du pain.

August parle aussi des expériences difficiles qu’il a vécues au pensionnat, que ce soit la nourriture infecte ou les violences sexuelles et physiques qu’il a subies.

Sa peinture de l’ile Meares représente ses souvenirs de sa terre d’origine. Son œuvre et sa représentation de l’ile sont devenues un symbole à la fois de ce qu’il a perdu à l’école, mais aussi des connaissances qu’il avait acquises auparavant.

« Je me souviens à quel point la vie était belle quand j’habitais chez mes grands-parents, avant d’aller au pensionnat. Au pensionnat, je n’ai pas oublié ce qu’on m’avait appris. Mais on m’a pris ma langue. J’aimerais pouvoir la parler. Je vous raconterais tout ça dans ma langue. J’aimerais bien pouvoir le faire, mais j’en suis incapable. Cette peinture est un témoignage de gratitude envers mes grands-parents. »


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