L’art de la réconciliation : témoignages de personnes survivantes des pensionnats pour Autochtones
L’art de la réconciliation : témoignages de personnes survivantes des pensionnats pour Autochtones
Le système des pensionnats pour Autochtones est un vaste programme d’éducation financé par l’État canadien et géré en partenariat avec diverses églises canadiennes. Mis en œuvre de la fin du 19e siècle jusqu’aux années 1990, ce programme visant officiellement à « civiliser » les enfants autochtones selon des modèles d’éducation européens s’est en réalité traduit par ce que la Commission de vérité et réconciliation du Canada a qualifié de génocide culturel. On envoyait les enfants dans des établissements, souvent à des milliers de kilomètres de leur communauté, où il leur était interdit de parler leur langue. Les conditions de vie étaient déplorables, les enfants souffrant de malnutritions et étant bien souvent victimes de violences physiques et sexuelles. On les séparait de leur famille, de leur communauté, de leur territoire et de leur culture. Pour de nombreuses personnes survivantes des pensionnats, leur expérience ne s’est pas terminée en quittant l’établissement. Elles en ont conservé des traumatismes et des blessures qui ont aussi entrainé des répercussions sur leurs partenaires, leurs enfants, leur famille élargie et leur communauté, et ce, sur plusieurs générations jusqu’à aujourd’hui.
Cette trousse porte sur des histoires liées à une collection de peintures de l’Université de Victoria et à leur restitution auprès de personnes survivantes. Les œuvres, qui proviennent de la collection privée de Robert Aller, un professeur d’art, ont été créées par des pensionnaires autochtones à Port Alberni, sur l’ile de Vancouver, à la fin des années 1950 et au début des années 1960. Aller a conservé certains travaux de ses élèves, qui ont été légués à l’université après son décès en 2008. Des archivistes, des universitaires et autres spécialistes de recherche ont rapidement compris l’importance de ces peintures et ont cherché à retrouver les artistes qui les avaient créées. Un certain nombre à qui on a restitué des œuvres de façon cérémonielle et protocolaire à Port Alberni, en 2013, dans le cadre d’un évènement financé par la Commission de vérité et réconciliation, ont choisi de les mettre à la disposition du public pour le sensibiliser à l’histoire des pensionnats pour Autochtones. Le Musée canadien de l’histoire a travaillé en étroite collaboration avec ces personnes survivantes afin de recueillir leurs souvenirs de leur passage au pensionnat et leurs témoignages sur l’expérience de retrouver un rare vestige de leur enfance. Les peintures, ainsi que les histoires orales qui les accompagnent, sont présentées ici dans le cadre de la collaboration en cours entre ces personnes survivantes et le Musée. Cela témoigne avec force des liens persistants entre les enfants et le territoire, la famille et la culture, et ce, en dépit des visées destructrices du système des pensionnats.
Le Musée canadien de l’histoire remercie les membres de l’Alberni Indian Residential School Survivors Art and Education Society d’avoir fourni les peintures, les histoires et les connaissances au cœur du programme.
Le Musée souhaite remercier Andrea Walsh, docteure en anthropologie visuelle, pour ses conseils dans le cadre de cette collaboration fructueuse avec les personnes survivantes du pensionnat pour Autochtones d’Alberni.
À qui réfèrent les termes « survivant(s) » et « survivante(s) »?
Dans ce dossier thématique, les termes « survivant(s) » et « survivante(s) » désignent des personnes qui ont été des élèves dans le contexte du système de pensionnats. Ces termes sont aussi souvent utilisés par la descendance de ces personnes pour reconnaitre la portée intergénérationnelle de cette identité, ainsi que les effets durables du système sur les familles et les communautés. La Commission de vérité et réconciliation du Canada a adopté ces termes pour respecter la résilience et la force remarquées au cours de ses travaux.
La version française de ce dossier thématique utilise aussi le terme « personne(s) survivante(s) ». Ce choix s’inscrit dans l’esprit de pratiques linguistiques plus inclusives qui permettent de reconnaitre et de respecter toutes les identités de genre au sein de la communauté des personnes survivantes, tout en continuant d’honorer leur force et leur résilience.
Sujets
Robert Aller et le pensionnat pour Autochtones d’Alberni
Présentation du professeur d’art Robert Aller et du processus de restitution de travaux de ses élèves du pensionnat pour Autochtones d’Alberni comme geste de réconciliation.
L’art comme vérité
Ces œuvres d’art témoignent de l’expérience des enfants dans les pensionnats et de leur résilience; elles représentent leurs souvenirs d’un lieu et d’une communauté.
Sans titre, de Dennis Thomas, Première Nation des Ditidaht
The Beach (La Plage), de Georgina (Gina) Laing (Cootes), Première Nation des Uchucklesaht
Raven (Corbeau), de Jeffrey Cook, Première Nation des Huu-ay-aht
Meares Island (L’ile Meares), de Charles August, Première Nation des Ahousaht
Sans titre, d’Arthur Bolton, Première Nation des Tsimshian
Sockeye Salmon (Saumon rouge), de Mark Atleo, Première Nation des Ahousaht
Sans titre, de Phyllis Tate (1944-1975), Première Nation des Ditidaht
Histoires de personnes survivantes
Écoutez les personnes survivantes parler de ce qu’elles ont ressenti en récupérant leurs œuvres, décrire leur expérience au pensionnat et ce que leur peinture exprime à propos de leur enfance.