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L’art de la réconciliation : témoignages de personnes survivantes des pensionnats pour Autochtones

Récit de Gina Laing

Vidéo

Contenu difficile
AVIS
Cette vidéo contient des descriptions détaillées des violences physiques et sexuelles que Gina Laing a subies dans son enfance.

La ligne d’écoute téléphonique nationale de Résolution des questions des pensionnats indiens offre du soutien en tout temps aux personnes survivantes et à leurs proches au numéro sans frais suivant : 1-866-925-4419.

Les élèves qui ont besoin de soutien après avoir regardé cette vidéo peuvent communiquer en tout temps avec les services numériques en santé mentale de Jeunesse, J’écoute, qui sont offerts partout au Canada, au 1-800-668-6868.

Transcription

Mon nom est Daisy Laing, tout le monde m’appelle Gina. Mon nom indien est Ah-ooma-took, qui veut dire femme médecine oiseau.

Mes souvenirs sont surtout de mes grands-parents. Mes parents étaient très occupés et ce sont mes grands-parents qui m’ont appris tout ce qu’ils savaient, qui m’enseignaient bien des choses sur la médecine de la forêt. Ces enseignements ont cessé quand je suis partie pour aller au pensionnat.

J’avais sept ans à ma première journée au pensionnat. J’ai vu une amie de Bamfield et je l’ai saluée dans notre langue. On m’a pris par les cheveux du haut de ma tête et lancée à l’autre bout de la pièce. On m’a ruée de coups de poing et de coups de pieds, et c’était ma première journée au pensionnat quand j’avais sept ans.

La première fois que j’ai été violée, j’avais neuf ans. On m’a retenue sur le lit et mon agresseur m’a dit :
« Crie. Crie aussi fort que tu veux. Personne ne va venir. »
Je ne le croyais pas alors j’ai crié. J’étais terrifiée. Puis, personne n’est venu. Personne n’est venu. La seule façon de s’échapper était de faire partie de la chorale ou d’une équipe de sport.

Et quand M. Aller, le professeur d’art venait au pensionnat après les classes. Je ne peux pas dire qu’il nous a enseigné l’art, il nous laissait nous exprimer à travers notre art. Quand j’étais dans sa classe au début, j’attendais juste à côté de la porte pour fuir s’il décidait de me faire quelque chose comme le personnel de l’école m’avait fait. Il n’a jamais rien fait. Pas une fois. Alors je suis devenue plus à l’aise et j’ai pu peindre de plus en plus, m’exprimer et lui faire confiance. Et c’était une merveilleuse libération de pouvoir faire des images de nos maisons, de notre culture, de ce qui nous manquait tellement et qu’on ne pouvait plus avoir.

Ma peinture montre la plage où je jouais quand j’étais petite. On nageait là, on cueillait des crabes, pêchait des perchaudes et on avait une perche et on l’utilisait pour sauter d’une buche à l’autre. Je n’aime pas peindre les maisons. C’est à cause de ce qui s’est passé dans nos maisons. Il y a eu beaucoup d’abus, d’abus sexuels. Mes parents sont allés à l’école, au pensionnat. Et mon père m’a fait ce qu’ils lui ont fait à lui. C’était un homme violent. Je vivais dans la terreur.

Oui, mon père et ma mère sont tous les deux allés au pensionnat. Ma mère a essayé d’être une bonne mère, je le sais maintenant, mais avant je ne le savais pas. Je la blâmais pour tout. Ce n’était pas de sa faute, c’est parce qu’elle est allée au pensionnat et elle est passée par les mêmes choses que moi.

Je suis allé à un centre de traitement à Quadra Island et c’était de l’art-thérapie. J’ai trouvé que c’était le meilleur moyen pour moi d’exprimer les horreurs que j’ai vécues au pensionnat et les peindre. Une fois que j’avais peint, mis l’image sur papier, je sentais que la partie émotionnelle ne m’appartenait plus, je pouvais m’en détacher. Quand on m’a redonné ma peinture, j’ai réalisé combien c’était important pour moi de m’exprimer comme ça. Et à cause de tous les souvenirs qui sont remontés de la peinture originale que j’ai faite au pensionnat à 11 ans, j’ai réalisé que j’ai besoin de faire ça de mettre mes pensées et mes souvenirs et essayer d’exprimer mes sentiments sur le papier. J’ai une peinture de moi qui regarde par la fenêtre du sous-sol du pensionnat et je voulais communiquer la solitude et le désir de sortir de là. J’ai fait une peinture de moi, qu’on forçait à manger du spaghetti et le sang qui coule de ma bouche, parce que c’est ce qui m’est arrivé. J’ai une peinture de l’assistant directeur du pensionnat qui me force à lui faire une fellation. J’ai fait une peinture récemment de la première fois qu’il m’a violée et que j’ai quitté mon corps. Et je regardais tout ça d’en haut au-dessus de moi. Et je voulais faire ça avec l’intention explicite d’aider les gens à comprendre comment on se sentait en tant qu’enfants. Le désespoir qu’on ressentait. Le désespoir qu’il y avait. Et comment rien, ni personne ne pouvait nous aider. Je veux transmettre ce message. Je veux que les gens le ressentent comme je l’ai ressentie. Je ne veux pas seulement qu’ils lisent un livre, ou regarder une image pour tirer leur conclusion. Je veux les aider à comprendre et je pense que je peux le faire avec mes peintures. Je continue à peindre et je vais faire d’autres peintures sur le sujet.

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Activités

Réfléchir

Après avoir écouté le récit de cette personne survivante des pensionnats et contemplé l’œuvre d’art qu’elle a produite pendant son séjour au pensionnat, réfléchissez au changement que ce récit et cette œuvre d’art ont provoqué en vous. 

Que signifie pour vous le fait d’avoir entendu ce récit et ces vérités personnelles? 

Quels sentiments et émotions ressentez-vous? Est-ce que cela vous inspire, vous met en colère, vous choque, vous gêne, vous attriste? 

Comment ces sentiments pourraient-ils vous inciter à agir ou à envisager autrement le Canada et la réconciliation? 


Faire

Pensez à un moyen de partager ce dont vous avez été témoin en prenant connaissance de l’œuvre d’art et de la vidéo de cette personne survivante. 

Parlez de ce que vous avez vu à des camarades ou à des membres de votre famille.  

Rédigez un paragraphe ou un article de journal sur ce que vous avez vu, entendu et ressenti à l’égard de ce récit. 

Créez une œuvre d’art liée à ce dont vous avez été témoin. 


Précisions

Date 2015
Origine de l’objet Québec
Matériaux
  • Film
Source / No de référence MCH 2017.140

Contexte historique

Choisissez parmi les trois niveaux suivants celui qui correspond à vos besoins.

  • Gina (Daisy) Laing est originaire de Kildonan, sur l’ile de Vancouver, en Colombie-Britannique, et est membre de la Première Nation des Uchucklesaht.
  • Dans cet entretien, elle décrit la violence qu’elle a subie à l’école.
  • Elle explique aussi comment le cours d’art de Robert Aller lui permettait de s’évader.
  • Gina Laing a eu recours à l’art dans son processus de guérison. Elle peint toujours.

  • Gina (Daisy) Laing est originaire de Kildonan, sur l’ile de Vancouver, en Colombie-Britannique, et est membre de la Première Nation des Uchucklesaht.
  • Dans cet entretien, elle décrit la violence qu’elle a subie à l’école.
  • Elle explique aussi comment le cours d’art de Robert Aller lui permettait de s’évader.
  • Gina Laing a eu recours à l’art dans son processus de guérison. Elle peint toujours.

Sommaire

  • Gina (Daisy) Laing est originaire de Kildonan, sur l’ile de Vancouver, en Colombie-Britannique, et est membre de la Première Nation des Uchucklesaht.
  • Dans cet entretien, elle décrit la violence qu’elle a subie à l’école.
  • Elle explique aussi comment le cours d’art de Robert Aller lui permettait de s’évader.
  • Gina Laing a eu recours à l’art dans son processus de guérison. Elle peint toujours.

Éléments essentiels

Gina (Daisy) Laing est originaire de Kildonan, sur l’ile de Vancouver, en Colombie-Britannique, et est membre de la Première Nation des Uchucklesaht.

Dans cet entretien, Laing décrit les expériences difficiles qu’elle a vécues à l’école ainsi que le répit que lui offrait le cours d’art de Robert Aller.

Une fois adulte, Laing a participé à un cours d’art-thérapie sur l’ile Quadra, en Colombie-Britannique. Elle explique comment le cours a servi d’exutoire à sa souffrance et aux violences qu’elle a subies. La restitution de sa peinture en 2013 lui a redonné le gout de peindre.


Description exhaustive

Gina (Daisy) Laing est originaire de Kildonan, sur l’ile de Vancouver, en Colombie-Britannique, et est membre de la Première Nation des Uchucklesaht.

Dans cet entretien, Laing parle des difficultés qu’elle a rencontrées dès son premier jour à l’école. Bien qu’elle ait subi de la violence sexuelle et physique, elle parle également du répit que lui procuraient les cours d’art de Robert Aller et la douceur de ses méthodes d’enseignement. La peinture intitulée The Beach (La plage), qu’elle a réalisée dans ce cours d’art, revêt une signification profonde pour elle. Laing décrit certains des actes de violence et des traumatismes intergénérationnels qui ont mené à sa création.

Une fois adulte, elle a participé à un cours d’art-thérapie sur l’ile Quadra, en Colombie-Britannique. Elle explique comment le cours a servi d’exutoire à sa souffrance et aux violences qu’elle a subies. La restitution de sa peinture en 2013 lui a redonné le gout de peindre.

« Quand j’ai récupéré la peinture, j’ai réalisé à quel point il était important pour moi de m’exprimer de cette manière. Mon œuvre originale a évoqué chez moi une foule de souvenirs de mes 11 ans au pensionnat, et j’ai réalisé qu’il fallait que je fasse cela, que je couche ces pensées, ces souvenirs et ce sentiment sur papier. »


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